Aujourd’hui, plus de 80 % des enfants atteints d’un cancer survivent à l’âge adulte. Se pose alors la question de l'évaluation de la nocivité des chimiothérapies sur la fertilité et de leur capacité à avoir des enfants.
Une étude américaine publiée dans The Lancet Oncology montre que les filles et les adolescentes traitées ont presque autant de chances d’avoir un enfant que le reste de la population.
Les chercheurs ont analysé une base de données de 10 938 survivants du cancer (garçons et filles) qui ont subi l’un des 14 traitements les plus communs aux Etats-Unis ou au Canada entre 1970 et 1999, alors qu’ils avaient moins de 21 ans. Etaient exclus tous ceux qui avaient subi une radiothérapie de la zone pelvienne ou du cerveau. Cette étude a révélé qu’à 45 ans, 70 % des femmes étaient tombées enceintes au moins une fois, contre 80 % dans la population générale.
Peu de différences, sauf après 30 ans
« Nous pensons que ces résultats sont encourageants pour les femmes qui ont été traitées par chimiothérapie dans leur enfance », estime le Dr Eric Chow du Fred Hutchinson Cancer Center de Seattle (Etats-Unis), auteur principal de l’étude. Face aux risques des radiothérapies sur la fertilité, les médecins préfèrent souvent augmenter les doses des chimiothérapies, et des études avaient émis des doutes sur l’efficacité de cette méthode, notamment avec les médicaments à base d’agents alkylants.
Mais chez les femmes, seuls le busulfan et la lomustine – utilisés dans le traitement des cancers du cerveau – semblent avoir un impact significatif sur la fertilité. Les chercheurs ont aussi remarqué que la légère différence avec le reste de la population avait tendance à croître avec l’âge, surtout chez les plus de 30 ans. Il se pourrait que la chimiothérapie accélère la diminution du nombre d’ovules et l’apparition de la ménopause.
Les chercheurs notent que leur étude n’a pas pris en compte des facteurs potentiellement importants dans l’interprétation des résultats. En particulier, ils n’ont pas inclus le statut marital, l’intention d’avoir un enfant, ni le nombre de tentatives avant une grossesse.
Les hommes sont plus touchés
Si ces résultats sont encourageants, le Dr Chow estime qu'il est néanmoins important que les oncologues pédiatriques tentent « d’améliorer la communication sur la fertilité et les options disponibles avec les patients et leurs familles, en amont des traitements curatifs ».
Ces progrès pourraient s’avérer précieux pour les hommes, qui souffrent plus d’infertilité que les femmes à la suite des traitements. En effet, l’étude montre qu’en comparaison de la population générale, les hommes ayant subi une chimiothérapie dans leur enfance sont beaucoup moins susceptibles d’avoir un enfant (50 % contre 80 %).
Ceux ayant subi le plus de doses d’agents alkylants et de cisplatine sont les moins nombreux à être parent, ce qui confirme les résultats d’études précédentes, qui mettaient en évidence un nombre de spermatozoïdes et un volume testiculaire plus faibles.
« Nous devrions encourager les garçons diagnostiqués après la puberté à conserver leur sperme pour maximiser leurs chances de procréation », estime le Dr Chow. Pour les femmes, la cryoconservation d’ovocytes est également possible mais requiert des procédures plus invasives.
Les résultats de l’équipe du Dr Chow sont utiles dans cette optique. Il faudrait étudier plus spécifiquement les dangers afin identifier les candidates potentielles à la conservation d’ovules, et éviter un maximum de prélèvements pour celles qui présentent un risque faible d’infertilité.
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