Coup dur pour nous, Français ! Nous qui sommes ravis à l’idée que le petit verre de vin pendant le repas puisse nous permettre de vivre plus longtemps, et en meilleure santé. Une méta-analyse de 87 études sur le sujet, publiée dans Journal of Studies on Alcohol and Drugs, remet en effet en question la validité des résultats qui vantent les bienfaits d'une consommation régulière d'une dose modérée d'alcool.
Les chercheurs ont notamment repéré des failles dans la définition des personnes dites « abstinentes » dans ces études. « La question fondamentale, c’est "à qui ces consommateurs sont-ils comparés ?" », s’est interrogé le Dr Tim Stockwell, directeur du centre de recherche sur les addictions de l’université de Colombie Britannique (Canada), et auteur principal de l’étude. D’après lui, les groupes d’abstinents, utilisés comme contrôles, incluent souvent des personnes qui ont arrêté de boire de l’alcool, à cause d’une santé fragile. Les résultats sont donc biaisés, car des buveurs d'alcool sains sont comparés à des non-buveurs à la santé aléatoire. Pas étonnant qu'ils vivent plus longtemps...
Aucun avantage… au mieux !
Parmi les 87 publications, les 13 qui avaient exclu les abstinents n’ont montré aucun avantage de longévité chez les buveurs modérés. Pire, lorsque l’équipe du Dr Stockwell les ont exclus des 74 autres, les résultats ne montraient alors plus aucun bénéfice.
Et pour enfoncer le clou, le Dr Stockwell estime que le groupe à la plus longue durée de vie – ceux qui prennent moins d’un verre par semaine – ne pouvait pas être significatif. « Ces personnes assimilent une dose d’alcool insignifiante, d’un point de vue biologique », a-t-il déclaré.
Ces résultats l’ont laissé dubitatif, au minimum. « Soit l’alcool est la panacée, a-t-il ironisé, soit la consommation modérée est un marqueur pour quelque chose d’autre ». Les études avaient en effet montré des résultats surprenants. Lorsque les abstinents étaient comparés aux consommateurs modérés, par exemple, ils présentaient moins de risques de surdité et – c’est un comble – étaient moins susceptibles de développer une cirrhose du foie !
Tout espoir n’est pas perdu
Dernière branche à laquelle se raccrocher pour les amateurs de vin : l’étude de l’université canadienne n’a pas fait de différence entre les alcools. Le vin rouge pourrait peut-être encore tirer son épingle du jeu et montrer des bienfaits. Mais si c’était le cas, l’alcool ne pourrait être tenu pour responsable, estime le Dr Stockwell.
« C’est une idée répandue que l’alcool est bon pour nous, parce qu’on l’entend dire à longueur de temps. Mais il y a de nombreuses raisons pour rester sceptiques », a-t-il conclu…