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Nouveaux outils d'information

Cancer de la prostate : le dépistage ne repose pas sur le PSA

Par Anne-Laure Lebrun avec Jonathan Herchkovitch

Utiliser le dosage de PSA pour dépister un cancer de la prostate doit faire l'objet d'une décision partagée. L'Institut du cancer a émis de nouvelles recommandations destinées aux médecins et aux patients.

Stocklib / Yulia Zhukova
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Le cancer de la prostate est le cancer le plus fréquent chez l’homme : 57 000 cas par an en France, ce qui représente 28 % des cas de cancer. Les autorités de santé françaises avaient alerté sur l’utilisation trop importante du dosage du PSA dans le dépistage du cancer de la prostate. Cette habitude conduit à un sur-diagnostic et à des interventions abusives. Dans ce contexte, l’Institut national du cancer (INCa) et l’Assurance maladie mettent en place une information sur la prescription du premier dosage du PSA destinée aux médecins et aux patients.

Le Dr Jérôme Viguier, directeur du pôle santé publique et soins de l’INCa, estime que la moitié des cancers de la prostate seraient sur-diagnostiqués. Les patients sont alors traités par la chirurgie ou par radiothérapie, et subissent les effets secondaires de ces traitements – principalement des troubles de l'érection et une incontinence urinaire – sans bénéfice.

« Le niveau d’information délivré aux hommes est très faible, voire quasiment nul », regrette le Dr Jérôme Viguier. « Cela se résume souvent aux lettres "PSA" marquées sur une ordonnance. » La campagne de l’INCa a donc pour objectif de faire connaître aux patients les enjeux du dépistage et du traitement du cancer de la prostate, mais aussi de sensibiliser les médecins généralistes quant à la nécessité d’un dépistage.
 

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Dr Jerôme Viguier : « Une information courte, accessible et très factuelle pour prendre une décision éclairée si le patient souhaite s’engager dans un dépistage »

 

Une baisse des diagnostics déjà enclenchée

Le nombre d’ablations de la prostate est déjà en baisse depuis quelques années. De 25 000 en 2011, il a chuté à 19 600 en 2014, selon une étude réalisée par la Caisse nationale de l'assurance maladie des travailleurs salariés (Cnamts) et publiée dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH). Elle révèle aussi une baisse de 3 % des dosages du PSA chez les hommes de plus de 40 ans entre 2009 et 2014. Le nombre de biopsies a également chuté de 60 000 à 40 000 dans la même période.

Le développement du cancer de la prostate est très lent (entre 10 et 15 ans avant l’arrivée des symptômes), et intervient à un âge avancé (autour de 70 ans). De nombreux patients âgés n’ont donc pas de bénéfice particulier à se faire dépister.

L’association du dosage du PSA et du toucher rectal est insuffisamment fiable dans le cadre d’un dépistage. Le toucher rectal normal n’exclut pas un cancer car cet examen ne permet de détecter que des tumeurs palpables. Le test PSA peut être faussement négatif (dans un cas sur dix) pour des taux inférieurs à 4 ng/mL, et faussement positif (7 cas sur 10) pour des patients qui ont un PSA supérieur.

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