La dépression est trois à quatre fois plus fréquente chez les patients cardiaques qu’en population générale. Le cocktail est détonnant, selon la littérature scientifique. Une large étude, présentée au Congrès annuel de l’American College of Cardiology (Chicago, Illinois, Etats-Unis, 2-4 avril), confirme ce lien étroit. Elle conclut que les personnes atteintes de sténose coronarienne et dépressives sont plus à risque d’infarctus, voire de décès.
Systématiser le dépistage
Fatigue, troubles de l’humeur sont courants après le diagnostic d’une maladie cardiovasculaire. Les 22 900 patients canadiens inclus dans cette étude ne sont pas étrangers à cette affirmation. Les « cumulards » étaient 83 % plus à risque de décéder au cours des 5 ans de suivi, par rapport aux patients ne souffrant pas de dépression. La probabilité de présenter un infarctus était quant à elle accrue de 36 %. Le confort est aussi impacté, puisque ces personnes souffrent davantage d’angine de poitrine. L’impact sur le pronostic est donc sensible.
Aux yeux de Natalie Szpakowski, principal auteur des travaux, cela doit plaider en faveur d’une prise de conscience. « Nos résultats suggèrent que ces patients bénéficieraient d’un dépistage des troubles de l’humeur, que ce soit par leur médecin de famille ou leur cardiologue », explique cette spécialiste en médecine interne. Elle plaide en faveur d’examens psychologiques réguliers, afin d’établir une prise en charge dans les temps.
L’impact physique du mal-être
Car la dépression dégrade bien l’évolution de la maladie, mais de manière brutale. En effet, les volontaires dont le moral était en berne n’ont pas eu davantage besoin de pontage ou de stent. Ce phénomène peut s’expliquer par les changements physiques induits par le mal-être mental. Un état dépressif dégrade deux systèmes hormonaux-clés, avec un impact sur les vaisseaux sanguins et le cœur. Il favorise aussi l’inflammation.
« Il existe une interdépendance entre la dépression et la santé physique. Par exemple, une maladie cardiovasculaire peut entraîner une dépression et vice versa », résume l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Tout le monde n’est pas exposé au même risque. Dans le cadre du suivi, les femmes étaient davantage touchées par les troubles de l’humeur.