Des contrôles réalisés l’été dernier par les services de l’Etat ont révélé la présence de résidus de chlordane et de dieldrine dans un lot de courgettes produites dans la zone maraîchère des Jalles, en périphérie de Bordeaux. Ces deux pesticides ont largement été utilisés dans l’agriculture dans les années 1950-1960 avant d’être progressivement retirés de la vente. L’usage du dieldrine dans l’agriculture a été interdit en 1972, puis tout deux ont été prohibés en 1992 en raison de leur persistance dans les sols.
Jusqu’à la semaine dernière, cette information était passée inaperçue. Mais les membres de l'Association pour le maintien d'une agriculture paysanne (AMAP) ont alerté Gérard Chausset, président du groupe des élus écologistes de Bordeaux Métropole. Ce dernier a alors envoyé un courrier au préfet de la Gironde le 17 mars dans lequel il réclame que « des études soient diligentées pour à la fois détecter les sources de cette pollution, préserver le milieu naturel (ce produit est ainsi hautement toxique pour les milieux aquatiques) et protéger la population. »
L’élu écologiste précise toutefois que « les taux détectés ne constituent pas de danger immédiat pour les consommateurs ». Néanmoins, la présence de ces pesticides interdits depuis plusieurs décennies suscite à nouveau le débat autour de ces produits et leur impact sanitaire et environnemental. « Cette information doit vous interpeller particulièrement à l’heure où la question des pesticides est très prégnante et sensible dans notre département, suite aux révélations sur les pesticides employés dans la viticulture notamment », souligne Gérard Chausset dans sa lettre au préfet.
Un plan d'urgence
Surtout que cette pollution ancienne semble concerner « la trentaine d’exploitations de la zone à des taux variables », a indiqué le préfet de Gironde, Pierre Dartout, dans son courrier de réponse. Seules les parcelles ayant un taux supérieur à 0,1 mg de dieldrine par kg de terre représentent un risque potentiel de production de légumes non conformes, précise la préfecture avant d’ajouter que « les analyses réalisées sur l’eau se sont révélées négatives. Il n’y a donc pas d’impact environnemental ».
La préfecture a toutefois opté pour la prudence. Dans son courrier, le préfet détaille un plan d’action mis en place pour garantir la mise sur le marché de fruits et légumes ne présentant aucun danger pour les consommateurs. Pour cela, la mise en culture de végétaux doit se faire selon les taux de pesticides dans les sols.
Ainsi, dans les parcelles les plus contaminées, il faut éviter les cucurbitacées comme les concombres ou les courgettes. Des mesures de surveillance doivent également être mises en œuvre afin de « confirmer l’innocuité des légumes racines produits dans la zone » ainsi qu’un contrôle systématique des végétaux les plus accumulateurs, notamment les cucurbitacées, si la culture ne peut pas être déplacée. « Les lots ne pourront être commercialisés qu’à l’issue de résultats favorables. Cette situation concerne 12 exploitations », prévient le préfet.