Pour eux, c’est une épée de Damoclès qui menace en permanence. Ils redoutent qu’un beau matin, leur médecin leur annonce qu’ils sont atteints d’un cancer de la gorge ou de la vessie. Pendant des années, au fond des mines de charbon lorraines, ils ont respiré des poussières qui ont encrassé les poumons et leur organisme. Certains gardent en mémoire l’image du grand-père mort de la silicose pour des raisons comparables.
Ce préjudice d’anxiété, 834 anciens mineurs entendent le faire reconnaître par la justice. Le conseil des prud’hommes de Forbach (Moselle) a commencé cette semaine l’examen des dossiers.
« Les premières plaintes ont été déposées en 2013 », souligne l’Express sur son site. Les mineurs demandent entre 6 000 et 40 000 euros suivant les cas. « On ne le fait pas pour le pognon, explique au journaliste Jean-Paul Monper, 58 ans, dont 25 à la carrière de Freyming. On le fait pour qu'il soit reconnu que l'on travaillait avec des produits dangereux. »
Alors, « ces nouvelles maladies » qui frappent d’autres mineurs font peur. « Après on se dit : jusqu'à quel degré, toi, tu as été contaminé », raconte Jean-Paul. Et puis, il y a cette colère, ce sentiment que l’employeur n’a rien fait alors qu’il pouvait prévenir les risques. L’histoire de la silicose revient. Comme un cauchemar.
En face, Charbonnages de France pour le compte des Houillères du bassin de Lorraine (HBL), dissoutes en 2003. La ligne de défense est froide comme la loi derrière laquelle l’entreprise se réfugie. Elle date de 1998 et liste les sites concernés par le préjudice à l’amiante. Rien sur le charbon.
Mais en février 2015, rappelle le site de l’hebdomadaire, la justice prud'homale avait toutefois reconnu un préjudice d'anxiété pour la première fois à d'autres mineurs lorrains, employés dans des mines de fer. Eux aussi redoutaient de développer une grave maladie professionnelle.