« Les enseignes de grande distribution adorent se comparer les unes aux autres : sur les prix bas, leur proximité avec les Français, l’origine locale de leurs produits… Étonnamment, elles ne le font jamais sur le recours aux pesticides » ! Forte de ce constat, l’ONG Greenpeace a décidé de lancer l’an dernier la « course au zéro pesticides », qui passe au crible les pratiques de six grandes enseignes. Objectif : remonter les marches du podium à mesure que les entreprises montrent patte blanche en matière de pesticides.
Bons élèves...
Un an plus tard, voici donc les résultats de cette compétition à laquelle participent bon gré mal gré les enseignes. Pour triompher, celles-ci doivent déployer des efforts manifestes pour éliminer les pesticides les plus dangereux des fruits et légumes, (pommes et pommes de terre, les plus contaminés, en tête). Elles doivent également soutenir les agriculteurs qui s’engagent à produire sans pesticides, et garantir la transparence vis-à-vis des consommateurs.
C’est Carrefour et U qui remportent cette première étape. « En 2015, au moins une famille de pesticides a été supprimée de quatre produits de la marque Carrefour », se réjouit Greenpeace, qui cite le kiwi du Sud-Ouest, cultivé sans insecticide, le brocoli de Bretagne, sans herbicides, ainsi que la tomate ancienne et le blé dur de Provence.
Toutefois, ces bonnes pratiques concernent « des stocks encore trop marginaux ». De plus, « Carrefour continue d’utiliser certains néonicotinoïdes » - substances qui ne devraient néanmoins plus apparaître dans les assiettes des Français dès 2018.
Quant à U, la firme a instauré « une liste noire des résidus, autorisés dans la réglementation mais que l’enseigne ne souhaite pas retrouver sur ses fruits et légumes de marque distributeur, car jugés trop dangereux pour la santé humaine ». Selon l’ONG, U est la seule enseigne qui a mis en place des « restrictions fortes de pesticides sur tous les fruits et légumes de sa gamme ».
... et mauvais joueurs
Auchan, Casino et Intermarché, pour leur part, se contentent « du minimum syndical » : respect de la réglementation et des bonnes pratiques standard, transparence à minima et « pas de nouveauté côté relation producteurs ». Les trois enseignes « doivent vraiment prendre part à la course », encourage Greenpeace.
En revanche, s’il est une enseigne qui n’a pas du tout envie de jouer, c’est bien Leclerc. L’entreprise refuse toujours communiquer « des informations concrètes sur l’utilisation des pesticides pour la production de ses produits ». La « course au bas prix » voulue par Leclerc est jugée « incompatible » avec le développement d’une agriculture responsable.