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Dans le cadre de la recherche, l’émergence des objets connectés et des applications smartphone représente une opportunité pour obtenir des données de façon moins invasive ou chronophage que des questionnaires papiers, par exemple. Une équipe de l’Institut Gustave-Roussy, à Villejuif, est sur le point de tester ces nouveaux moyens de collecte de données avec les membres d'une cohorte encore en cours de recrutement appelée E4N. L’objectif est d’étudier la santé en relation avec l’environnement et le mode de vie moderne chez des sujets d’une même famille sur trois générations.
Gagner du temps
Les membres de la cohorte sont équipés de traqueurs d'activité évaluant le nombre de pas, la dépenses caloriques et la qualité du sommeil, et répondent à des questions en ligne ou par SMS. Ce système est bénéfique à plus d'un titre. « Pour se faire une idée, il faut savoir qu’un questionnaire de quatre pages envoyé à 100 000 personnes nécessite environ deux à trois ans de traitement, avant d’être disponible pour les chercheurs », détaille Guy Fagherazzi, épidémiologiste et responsable scientifique de cette cohorte, qui espère bien gagner du temps sur le traitement des données numériques. Les avantages sont aussi pécuniaires puisqu’on économise l’impression, l’envoi et la numérisation des questionnaires. Enfin, dernier avantage, et pas des moindres, les objets connectés fournissent des données mesurées et objectives, et non déclaratives, limitant ainsi les biais. Les premiers résultats de l’étude de faisabilité sont attendus pour le milieu de l’année 2016.
Mieux comprendre le cerveau
Les données peuvent même être collectées de façon ludique. C’est ainsi que des chercheurs de l’Institut du cerveau et de la moelle épinière (ICM) ont développé BRAiN’US, en collaboration avec la start-up AdScientiam. C’est une plate-forme comprenant une dizaine de petits jeux, assimilée à un serious game. Les données récoltées vont aider les chercheurs à mieux comprendre les mécanismes de notre cerveau lors de la prise de décision. « Nous sommes en cours d’analyse des données, explique Jean Daunizeau, directeur d’équipe au sein de l’ICM. Il apparaît que certaines des "fonctions exécutives" essentielles (mémoire de travail, contrôle inhibitif) se développent avec l'âge (jusqu'à environ 20 ans), sont stables à l'âge adulte (de 20 à 40 ans), et se dégradent avec le vieillissement (après 40 ans). » Fort de ce succès, les scientifiques prévoient de lancer, fin 2016, une deuxième version de l’application, avec de nouveaux jeux, centrés sur la motivation.
Bruno Scala
Science&Santé, le magazine de l'Inserm