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Immunothérapie

Mélanome : un patch pour un traitement plus ciblé

Par Audrey Vaugrente

Pour éviter les effets auto-immuns des immunothérapies, des chercheurs américains ont développé un patch qui délivre des anticorps directement sur le mélanome.

YANQI YE/NCSU

Les immunothérapies sont en pleine émergence dans la pharmacopée. Dans le mélanome notamment, les anticorps anti PD-1 se sont fait remarquer par leurs bons résultats. Mais leurs effets secondaires, liés à l’injection intraveineuse, sont lourds. Des chercheurs américains ont donc développé une technique d’administration locale : un patch doté de minuscules aiguilles. Ils publient leurs résultats préliminaires dans Nanoletters.

Un système d’encapsulation

L’immunothérapie combat le cancer en l’empêchant d’échapper au système immunitaire : elle utilise des anticorps – comme les anti PD-1 – qui permettent aux lymphocytes d’identifier et d’éradiquer les cellules cancéreuses. Cette stratégie améliore la survie des patients, même lorsqu’ils sont à un stade métastatique. Mais la méthode a un coût élevé, et il ne s’agit pas seulement de celui du médicament. Comme les anticorps sont injectés dans le sang, ils ne ciblent pas uniquement la tumeur, ce qui peut provoquer des effets secondaires lourds comme des troubles auto-immuns.

Le patch, mis au point par une équipe de l’université d’Etat de Caroline du Nord (Etats-Unis), tente de résoudre ce problème en adoptant une injection localisée. Placé sur la zone du mélanome, il est doté de micro-aiguilles chargées de nanoparticules. A l’intérieur de celles-ci, les anticorps anti PD-1 encapsulés mais aussi une enzyme qui produit de l’acide lorsqu’elle entre en contact avec du glucose.

Une survie améliorée

L’application du patch sur le mélanome déclenche un phénomène de cascade : le sang entre dans les aiguilles, provoquant la formation d’acide qui dégrade progressivement les nanoparticules. Ainsi, les anticorps sont relâchés dans la tumeur. « Cette technique crée une libération régulière et prolongée d’anticorps directement dans la tumeur », résume Zhen Gu, co-auteur de l’étude.

Les études menées sur des souris ont apporté des résultats concluants. La technique du patch permet un traitement plus ciblé et plus efficace du mélanome que les autres immunothérapies. A 40 jours, 40 % des souris sous traitements ont survécu sans maladie.

La survie est encore améliorée lorsque les chercheurs ont combiné deux immunothérapies : les anti PD-1 et les anti CTLA-4. Sur une période de 40 jours, 70 % des souris ont survécu sans mélanome détectable.