Les dépenses de prise en charge des personnes âgées dépendantes (soit 1,2 million de personnes) s’établissent, en 2011, à 28,3 milliards d’euros, dont 25 % ne sont pas financées par les allocations ou aides publiques, révèle un dossier publié ce jeudi par la Drees (1). Dans ce document, elle passe en revue la part des dépenses qui reste à la charge de ces personnes avant la réforme portée par la loi d’adaptation de la société au vieillissement entrée en vigueur en 2016. Et les chiffres rapportés ne sont pas des plus rassurants pour les finances des seniors.
Un reste à charge de 80€ par mois à domicile
La Direction écrit tout d'abord que les frais restant à la charge des bénéficiaires de l’allocation personnalisée d’autonomie (APA) à domicile peuvent représenter « une part importante du budget des personnes les plus dépendantes ou les plus modestes, notamment lorsque le montant de leur plan d’aide a atteint le maximum légal ».
La participation du bénéficiaire s'établit ainsi à 81€, en moyenne, une fois la réduction d’impôt déduite (2).
Plus inquiétant encore, le dossier analyse les frais restant à la charge des personnes âgées dépendantes vivant en établissements (maison de retraite par exemple), « qui s’avèrent souvent supérieurs à leurs revenus courants, malgré les dispositifs d’aide existants ». Ces sommes concernent essentiellement les frais de séjour des résidents comme les tarifs hébergement et dépendance.
En chiffres, le reste à charge moyen des résidents s'élève à 1 758 € par mois, avant prise en compte de l’aide sociale à l’hébergement (ASH). Et cette dernière est loin d'effacer cette charge puisque, chaque mois, en moyenne, les résidents dont les ressources mensuelles sont comprises entre 1 200 et 1 400 €, touchent 310 € d’APA, 17 € d’aide au logement, et à peine 90 € d’ASH !
Une situation difficile pour certains seniors qui est loin d'être marginale car fin 2011, le Drees rapportait que 560 000 personnes âgées résidaient dans des établissements relevant de l’APA en établissement, c'est-à-dire principalement des établissements pour personnes âgées dépendantes (EHPAD).
Un standing supérieur pour les plus aisés
Face à ces chiffres, la Dress note une inquiétude sur un effet qui intervient : « les personnes les plus aisées résident plus souvent dans des établissements privés à but lucratif (catégorie d’établissement appliquant les tarifs les plus élevés) et, au sein d’une même catégorie d’établissement, les personnes les plus aisées semblent choisir plus souvent des établissements aux tarifs plus élevés, correspondant probablement à un standing supérieur ». La preuve que la vie de senior ne rime pas avec la fin des injustices sociales...
(1) La Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques
(2) Dans le rapport Fragonard, le montant mensuel du ticket modérateur de l’APA à domicile avant réductions d’impôt est estimé à 121 € en moyenne