Comment voudriez-vous mourir ? Nombreux sont ceux qui esquivent cette question essentielle, mais peu guillerette, il faut en convenir. Pourtant, s’interroger sur les conditions d’une « bonne mort » est à la fois utile et nécessaire, selon des chercheurs qui, eux, ont consacré de longues heures à analyser ce que l’on entend par le bien-mourir.
A l’image du reste de la population, la science s’est peu penchée sur cette notion. Dans leur méta-analyse, publiée dans la revue American Journal of Geriatric Psychiatry, les auteurs ont tout de même réuni 36 études, d’où ils ont dégagé onze facteurs de mort sereine, selon trois groupes de personnes : les patients, les proches et les soignants – car c’est bien dans le milieu médical que ces questions se posent le plus couramment.
Vie et mort de qualité
Ainsi, selon leurs résultats, les trois groupes s’attachaient particulièrement à la cause du décès, qui conditionne une bonne mort pour 94 % des personnes interrogées dans les travaux. Autre facteur important : l’absence de souffrance (81 %), ainsi que le bien-être émotionnel (64 %).
Pour le reste des facteurs de bon décès, des différences sont apparues selon les différents groupes. Ainsi, les familles ont eu tendance à considérer le fait d’avoir une existence bien remplie avec un sentiment d’accomplissement comme un élément central (pour 80 % d’entre elles), tout comme une vie de qualité (70 %). Mourir dans la dignité s’est avéré important pour 70 % des familles interrogées – de même que le fait de décéder entouré des siens.
Par comparaison, pour les patients eux-mêmes, ces éléments avaient plutôt moins d’importance (entre 35 % et 55 % selon les facteurs). En revanche, la religiosité et la spiritualité constituaient une notion fondamentale dans le bien mourir (65 %), davantage que pour les familles (50 %).
Comme on pouvait s’y attendre, les professionnels de santé ont davantage mis l’accent sur la qualité des traitements fournis, ou encore la relation entre les patients et les soignants.
En parler
« A l’évidence, la mort est un sujet controversé, soulignent les auteurs. Les gens n’aiment pas en parler dans les détails, et pourtant, nous devrions le faire ». Selon les chercheurs, étudier ces différents points de vue permettrait d’améliorer les derniers jours de la vie d’un patient, et de se préparer une mort tranquille.