Les enfants nés de mères infectées, ou susceptibles d’avoir été infectées, par le virus Zika au moment de la grossesse doivent bénéficier d’un suivi pédiatrique spécifique, recommande le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) dans son nouvel avis émis fin mars.
Actuellement, les femmes infectées ou exposées à ce virus dans les territoires où sévit l’épidémie bénéficient d’échographie mensuelle afin de détecter précocement les anomalies congénitales telles que la microcéphalie. Mais pour ces enfants infectés ou non, le devenir est incertain car les données scientifiques manquent pour faire des projections. De ce fait, le HCSP considère qu’un suivi neurologique, ophtalmique et auditif doit être réalisé, et ce sur le long-terme.
Détecter des anomalies cérébrales
Cette prise en charge spécifique concernera tous les enfants nés de mère infectée ou susceptible de l’avoir été en période péri-conceptionnelle, ou durant sa grossesse. Une recherche d’infection devra être systématiquement effectuée. Le diagnostic sera considéré positif si l’examen réalisé sur le sang du cordon, le placenta, le sang, l’urine ou le liquide céphalo-rachidien ou tout autre prélèvement biologique effectué dans les 2 premiers jours de vie est positif. L’infection sera également confirmée si les examens mettent en évidence la présence d’anticorps dirigés contre le virus Zika dans le sang de cordon, dans son sang ou liquide céphalo-rachidien dans la première année de sa vie.
En parallèle, les enfants bénéficieront d’un bilan complet comprenant les mesures du périmètre crânien, de poids et de taille, la recherche de pathologie du foie ou de la rate, ainsi qu’un examen cutané afin de rechercher une possible éruption cutanée, symptôme caractéristique de la fièvre Zika.
En cas d’infection prouvée ou suspectée, un examen neurologique sera réalisé. Il comprendra une échographie trans-fontanellaire pour rechercher une anomalie structurelle de l’encéphale ou des calcifications, signes caractéristiques de la microcéphalie. Une IRM cérébral dans les 3 premiers mois de vie devra également être « systématiquement » effectuée, notamment pour confirmer les résultats obtenus à l’échographie.
Un suivi jusqu'au CP
Le HSCP recommande également de réaliser un examen du fond d’œil dans le premier mois de vie de l’enfant et des évaluations auditives. Si des anomalies sont retrouvées, les enfants seront adressés à des centres spécialisés. Ces préconisations sont motivées par la publication de travaux brésiliens révélant des troubles visuels capables de mener à la cécité ainsi que des troubles auditifs.
En outre, le HCSP recommande de suivre tous ces enfants sur le long-terme. Cette prise en charge comprendra une évaluation clinique du développement neurologique et une évaluation auditive durant au moins les deux premières années de vie. Pour le suivi neurologique, « l’idéal serait qu’il soit conduit jusqu’à la fin du cours préparatoire », précise-t-il.
Afin d’accroître les connaissances sur ce virus et ses conséquences sur le long-terme, le HCSP recommande « qu’un suivi de cohorte soit mis en place pour ces nouveau-nés infectés par le virus Zika, par voie maternelle, et que les examens de diagnostic et de suivi des enfants mentionnés dans le présent avis soient réalisés sans surcoût pour les familles. »
Il précise toutefois que ces modalités ne devront pas « être considérées comme un référentiel car elles nécessiteront une adaptation en fonction des protocoles de chaque réseau de périnatalité et de chaque centre périnatal ».