Depuis 2008, le moucheron Drosophila Suzukii ravage les cerises, impactant significativement la production. Le diméthoate, considéré par les arboriculteurs comme le seul insecticide efficace, était le principal produit utilisé pour combattre l'insecte ravageur. Fin 2015, l'insecticide a été retiré du marché français. Mais en pas en Europe. Une situation jugée problématique par le ministre de l'agriculture Stéphane Le Foll. Hier, déplorant un risque de « distorsion de concurrence », le ministre a saisi la commission européenne, demandant « d’activer les mesures d’urgence prévues par le droit européen » afin d’obtenir une « interdiction immédiate de l’utilisation du diméthoate dans toute l’Union Européenne sur les fruits et légumes ».
Toxicité possible
En 2013, l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) interpelle pour la première fois les pays européens sur la potentielle dangerosité de l’insecticide sur la santé des consommateurs. Les Etats sont alors invités à évaluer de leur côté les risques du produit. En France, l'Agence nationale de sécurité sanitaire (ANSES) a conclu fin 2015 à la nécessité de retirer l’insecticide du marché français, sauf si l’entreprise, Cheminova AGRO, qui le commercialise apporte des éléments permettant de prouver sa non-toxicité. Février 2016, n'ayant pas eu de réponse, l’ANSES a décidé de ne pas renouveler son autorisation de mise sur le marché. L’insecticide est depuis interdit en France.
Concurrence déloyale
Malgré cette interdiction, l’insecticide reste autorisé en Europe. Au grand malheur des arboriculteurs français. Estimant être victimes de concurrence déloyale, les agriculteurs étaient 200 à manifester vendredi dernier à Avignon. Comme ils le soulignent, la production est nettement moins fructueuse sans cet insecticide. Ils réclament donc l'extension de l'interdiction à l'ensemble des pays européens.
Après la saisine du ministère de l'Agriculture, la Commission européenne dispose de sept jours pour rendre sa décision. Dans le cas où le produit ne serait pas interdit, Stéphane Le Foll a déjà annoncé qu'il déclencherait « une clause de sauvegarde nationale ». La commercialisation de cerises traitées au diméthoate serait alors interdite dans l'Hexagone.