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QUESTION D'ACTU

Plainte pénale

Anti-inflammatoire Vioxx : l'affaire redémarre en France

Une nouvelle plainte relance l'affaire, au point mort depuis trois ans, sur ce médicament retiré du marché en 2004 en raison d'effets secondaires importants.

Anti-inflammatoire Vioxx : l'affaire redémarre en France SUPERSTOCK/SUPERSTOCK/SIPA




Le Vioxx revient sur le banc des accusés. Une plainte pénale a été déposée ce vendredi à Paris, qui pourrait relancer l'affaire de ce médicament, soupçonné d'être à l'origine de dizaines de milliers de décès aux Etats-Unis. Jusqu’ici, le produit ne faisait l’objet d’aucune poursuites en France, malgré plusieurs tentatives de recours.

Classement sans suite

La victime présumée a porté plainte contre X pour « un certain nombre de délits d'entrave à la justice », a précisé l’avocat, Me Didier Jaubert, cité par l’AFP. L'Association d'aide aux victimes d'accidents des médicaments (Aaavam) « se constituera partie civile au côté de ce particulier et d'autres victimes vont à leur tour porter plainte », a-t-il encore ajouté. 

En novembre 2010, une première plainte avait été déposée, qui s’était soldée par un classement sans suite. Une expertise scientifique réalisée en mars 2013 avait en effet écarté toute responsabilité du fabricant américain Merck.

20 millions de patients

Le Vioxx était un anti-inflammatoire indiqué dans le traitement de l’arthrose et mis sur le marché en 1999. Il en a été retiré en 2004 dans tous les pays qui le commercialisaient. Un médicament particulièrement rentable, numéro 1 des ventes mondiales dans le secteur ; en cinq ans, il rapporté au laboratoire entre huit et dix milliards de dollars. Aux Etats-Unis, les médecins l’ont prescrit quelques 107 millions de fois à près de 20 millions de patients.

C’est le laboratoire lui-même qui a demandé la suspension des ventes, après la découverte d’un effet indésirable grave associé au médicament. A partir de 18 mois de traitement, le Vioxx double en effet les risques cardiovasculaires. L’opération de transparence reste entachée de doutes : à l’époque, la revue The Lancet a démontré que le laboratoire était au courant dès l’année 2000 de ces effets secondaires mortels, observés au sein de ses essais cliniques. 

Outre-Atlantique, les procès se sont multipliés. On évalue à six milliards de dollars le montant des dédommagements versés à ce jour par Merck aux patients, aux actionnaires et aux Etats concernés (Etats-Unis, Canada, Australie).

Dossier enterré en France ?

En France, le médicament a été autorisé en avril 2000 et prescrit à environ 500 000 personnes en quatre ans. En 2003, c’était le dixième médicament le plus remboursé par l’Assurance Maladie pour un montant de 87 millions d'euros.

Aucun décès n'a été officiellement recensé mais l'Aaavam, dénombre de son côté 250 cas suspects. L’association a engagé en 2010 une procédure civile à Paris ; elle a donné lieu par un rapport d’expertise particulièrement favorable au laboratoire, tenu hors de cause à tout point de vue (lien avec les effets secondaires observés, transparence de l’entreprise…).

La publication récente du livre Effets secondaires, le scandale français (chez First Éditions) a toutefois relancé le débat. Ses auteurs mettent en lumière un conflit d’intérêt lié à l’expert, le pharmacologue Bernard Rouveix, qui semble avoir omis de déclarer qu'il avait eu auparavant un lien professionnel avec l'avocat du laboratoire Merck, dans une affaire concernant un autre médicament.

L’expert français, qui a autrefois occupé d’importantes fonctions au sein du système de santé, est par ailleurs mis en examen dans l'affaire du Mediator pour prise illégale d'intérêts. Les enquêteurs le soupçonnent d’avoir été rémunéré par Servier lorsqu’il  siégeait dans les commissions du médicament de l’Afssaps (Agence française du médicament, devenue ANSM).

Depuis l’affaire et l’arrêt de la distribution du Vioxx, Merck a remis sur le marché français un nouvel anti-inflammatoire de même type (COX-2). L'Arcoxia, cousin du médicament interdit, est aujourd’hui autorisé dans 80 pays. Les États Unis n’en font pas partie.

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