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Développement cognitif

Les bébés bilingues ont une plus grande souplesse mentale

Par Anne-Laure Lebrun

Les bébés bilingues présentent une activité cérébrale plus importante dans les zones associées aux fonctions cognitives que les enfants monolingues. 

pavsie/pix-5

L’apprentissage de deux langues dès la naissance est un atout pour les enfants, et en particulier pour leur cerveau. En effet, les bébés bilingues présentent une activité plus importante que leurs camarades monolingues dans les régions cérébrales associées aux fonctions exécutives, selon une étude américaine publiée ce lundi dans le journal Developmental Science. Ces dernières correspondent aux capacités nécessaires à une personne pour s’adapter à des situations nouvelles, orienter son attention sur plusieurs éléments ou résoudre des problèmes complexes.

De nombreux travaux ont mis en évidence ces bénéfices chez des adultes et adolescents bilingues. Cette récente étude révèle que le développement cognitif des nourrissons est façonné par le bilinguisme avant même qu’ils ne prononcent leur premier mot. « Ceci suggère que le bilinguisme ne modifie pas seulement le développement du langage mais aussi le développement cognitif en général », souligne Naja Ferjan Ramírez, auteur principale de l’étude et chercheur à l’Institut de l’apprentissage et des neurosciences à l’université de Washington (Etats-Unis).

Pour parvenir à cette découverte, les neuropsychologues ont étudié 16 nourrissons de 11 mois, dont 8 bébés nés dans une famille latino-américaine. Grâce à la magnétoencéphalographie – une méthode d’imagerie qui détecte les variations du champ magnétique généré par les neurones -, ils ont pu analyser et comparer l’activité cérébrale des bébés lorsqu’ils entendaient de l’anglais et de l’espagnol.

 

 

Une plus grande souplesse cérébrale

Les images révèlent que les enfants bilingues ont une activité accrue au niveau du cortex préfrontal et orbitofrontal, qui entrent en jeu dans le processus de décision, de l’attention, par rapport aux bébés immergés uniquement dans la langue anglaise. Par ailleurs, les résultats révèlent que les bilingues réagissent de la même manière lorsqu’ils entendent de l’anglais ou de l’espagnol, ce qui montre qu’ils apprennent ces deux langues de façon égale.

A l’inverse, « les enfants monolingues présentent une perception étroite des sons aux alentours de 11 mois. Ils ne distinguent plus des sons issus de langue étrangère alors qu’ils y arrivent à 6 mois, souligne Patricia Khul, co-auteur de l’étude et co-directrice de l’Institut.
De leurs côtés, les enfants bilingues semblent être plus ouverts aux sons qu’ils ne connaissent pas, ce qui est bénéfique et montre une capacité d’adaptation ». Ainsi, les enfants élevés dans une famille plurilinguistique semblent être avantagés pour apprendre de nouvelles langues.

Ces travaux confirment de nombreuses études avançant que le bilinguisme n’est pas un handicap pour les enfants. Bien au contraire. Cette capacité à comprendre et parler plusieurs langues est une richesse pour ces enfants. Si les parents sont souvent inquiets, c’est parce que les enfants bilingues cherchent parfois leurs mots ou mélangent plusieurs langues dans une même phrase, surtout lorsqu’ils commencent à apprendre à lire. Mais ce phénomène de confusion n’est que transitoire, rassurent tous les experts.