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Vaisseaux sanguins

Chicha : les poumons trinquent même à faible dose

Par Julie Levallois

Le narguilé, même à faible dose, provoque des dégâts dans les poumons. Les adeptes de la chicha toussent davantage que les non fumeurs, et produisent plus de crachats.

Nikolay_Donetsk/Pix5

Un adolescent français sur trois a déjà testé le narguilé. La consommation est courante, mais pas sans risque. Une nouvelle étude montre ses effets délétères même à un faible niveau. Les jeunes gens portent des signes de dommages au niveau des poumons, selon une publication de l’American Journal of Respiratory and Critical Care Medicine.

Des dégâts aux vaisseaux sanguins

Des consommateurs légers de chicha, qui fumaient donc moins de 3 bols par semaine et ce pendant moins de 5 ans, ont pris part à ces travaux. Ils étaient  âgés en moyenne de 24 ans. Les auteurs ont remarqué que ces personnes avaient tendance à tousser davantage que les non fumeurs et qu’ils produisaient plus de crachats.

L'analyse des cellules de leurs poumons révèle, en outre, une anomalie au niveau de la fonction pulmonaire. En effet, les cellules qui constituent la paroi des voies respiratoires présentent des modifications marquées. Les particules émises par les cellules endothéliales, qui tapissent la face interne des vaisseaux, circulent aussi davantage. « C’est un indicateur des dégâts que subissent les capillaires », explique le Dr Ronald Crystal.

Mal régulé

Les chercheurs reconnaissent qu’il s’agit de recherches de petite ampleur. « Mais nos résultats justifient le lancement de larges études épidémiologiques afin d’étudier plus en profondeur les effets néfastes de la pipe à narguilé. Son usage n’est pas contrôlé et les données soulèvent tous les drapeaux rouges, même avec un usage limité », souligne le Dr Crystal.

En effet, la chicha expose à des doses très élevées de nicotine, monoxyde de carbone, goudrons et à des substances cancérigènes, bien plus qu’une « simple » cigarette. Or, son usage est de plus en plus répandu en Europe, et ce malgré une littérature croissante sur les risques liés à cette habitude.
En cause : des croyances erronées sur la prétendue sécurité de ce mode de consommation du tabac. De nombreux adeptes pensent que le passage de la fumée de tabac, brûlé avec du charbon, par l’eau « filtre » les produits toxiques. Ce qui n’est évidemment pas le cas.