Voilà une statistique qui en dit long sur l’état de santé de la population mondiale. Le nombre de diabétiques a quadruplé depuis 1980. L’épidémie de diabète est omniprésente et en forte augmentation. Une étude publiée dans The Lancet sur plus de 200 pays estime que les diabétiques, de type 1 et 2 confondus, seraient au nombre de 422 millions.
L’étude rassemble les données de 751 recherches portant sur 4,4 millions de personnes dans 200 pays. Parmi ces derniers, aucun n’a enregistré une baisse. Une part de cette hausse est due à l’augmentation et au vieillissement de la population, en partie. Mais lorsqu’on élimine ces facteurs, la prévalence de la maladie reste inquiétante. En 34 ans, elle a doublé chez les hommes, passant de 4,3 % à 9 % de la population adulte mondiale. Elle a aussi augmenté de deux tiers (de 5 à 7,9 %) chez les femmes.
L’obésité, encore et toujours
Entre 85 et 95 % de ces malades souffrent de diabète de type 2, fortement lié au surpoids et à l'obésité. L’explosion des IMC, due en partie à la détérioration de la santé alimentaire, joue un rôle évident. « L’obésité représente le facteur de risque le plus important pour le diabète de type 2, estime le Professeur Majid Ezzati, directeur de la recherche à l’Imperial College de Londres (Royaume-Uni). Nos tentatives pour contrôler le taux d’obésité ont toutes échoué. »
« Si la tendance se confirme, la probabilité d’atteindre les objectifs fixés par l’ONU d’ici 2025 est virtuellement nulle », ajoute le Pr Ezzati. L’Organisation avait souhaité en 2012 une baisse de 25 % du nombre de décès prématurés liés à la maladie. « Chaque année, plus de trois millions de diabétiques décèdent d'une crise cardiaque, d'un accident vasculaire cérébral, ou d'insuffisance rénale », avait alors estimé le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon.
Le France, bonne élève
Les pays émergents, à faible ou à moyen revenus, plombent les statistiques. La Chine et l’Inde, où l’obésité a fortement augmenté, sont particulièrement touchées. Le diabète y a doublé chez les hommes, et augmenté respectivement de 50 % et 80 % chez les femmes. La Polynésie et la Micronésie font figure de mauvais élèves, avec une prévalence supérieure à 20 %. Le bonnet d’âne revient aux Samoa, où plus d’un tiers de la population adulte est diabétique. Le Pakistan, l’Egypte, l’Indonésie et le Mexique font partie des dix pays avec le plus de malades.
Et la France ? Malgré les inquiétudes grandissantes, nous restons parmi les bons élèves, avec nos voisins d’Europe du Nord et de l’Ouest. Le taux de diabétiques est le 13e plus bas, et les Français gagnent ainsi 69 places dans le classement mondial. La palme d’or revient à la Suisse, avec seulement 2,8 % de diabétiques.
« L’identification des personnes à haut risque de diabète doivent être une priorité car son apparition peut être prévenue, et retardée, grâce à des changements dans le style de vie et le régime alimentaire ou une prise en charge médicamenteuse », estime le Pr Ezzati.