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Décision de l'ANSM

Blanchiment de la peau : les produits injectables interdits en France

Par Ambre Amias

Suite à des déclaration d'effets indésirables, les produits à visée éclaircissante ou blanchissante de la peau, administrés par voie injectable sont interdits en France depuis le 1er avril.

HADJ/SIPA

Les produits destinés à blanchir la peau sont dans le viseur de l’Agence nationale de santé du médicament (ANSM). Les femmes à la peau noire ou foncée souhaitant éclaircir leur teint prennent des risques pour leur santé, et l’ANSM a décidé de réagir. Le 1er avril dernier elle a émis une interdiction sur les formes injectables, qui circulent sur le marché depuis quelques années.

La décision s’appuie sur des « signalements d’effets indésirables » causés par ces produits, notamment ceux à base de « glutathion et de facteur de croissance épidermique (EGF) », et sur les décisions de son homologue américain, la Food and drug administration (FDA). L’ANSM rappelle que deux cas inquiétants ont été rapportés à des centres antipoison en France en 2015, dont l’un avec des nausées, une gêne abdominale, des vertiges et des palpitations.

Des médicaments sans autorisation

« La présentation sous forme injectable, voie d’administration à haut risque, et les modalités d’administration préconisées sur les sites de vente de produits à visée éclaircissante ou blanchissante de la peau, à savoir ''par voie intramusculaire ou intraveineuse ou par perfusion'', est susceptible de laisser penser au consommateur moyennement averti qu’il serait en présence d’un médicament », peut-on lire sur la décision de l’ANSM.

Selon la définition du Code de la santé publique, ces produits sont bien des médicaments, et c’est justement ce qui justifie leur interdiction : ils ne bénéficient d’aucune autorisation de mise sur le marché. Leur vente constitue donc une infraction.

Taches, boutons, infections, mycoses…

« Impossible de dépigmenter une peau saine sans utiliser des produits dangereux pour la santé », confiait il y a un an à Pourquoidocteur Antoine Petit, dermatologue à l’hôpital Saint Louis à Paris. Pourtant, cette pratique risquée, portée par le diktat de la beauté blanche, prend de l’ampleur. Et la France n’est pas épargnée, notamment sur le marché des crèmes à base d’hydroquinone.

Utilisés à outrance, ces derniers laisseront des marques indélébiles sur la peau. Les tâches tant redoutées apparaissent et ne s’effaceront pas, la peau s’atrophie et ne cicatrise plus, des boutons et de l’acné surgissent accompagnés de poils disgracieux, le corps est zébré par des vergetures, des infections cutanées comme la gale ou les mycoses apparaissent ou empirent…

Dangereux et interdits

Ces produits cosmétiques illégaux se retrouvent sur le territoire européen grâce à des circuits de distribution bien organisés. « D’après mon expérience, la majorité des dermocorticoïdes (clobetasol) utilisés sont des produits importés illégaux en France comme les produits l'Abidjanaise, Edguard, Movate cream, Bio Claire », estimait le Dr Petit. On les trouve notamment dans des boutiques dédiées dans les quartiers de la capitale tels que Barbès, Strasbourg-St Denis, Château-Rouge… Dans un rapport de 2011, l’ANSM révélait que sur plus de 160 produits analysés, environ 40 % contenait ces substances interdites.