Les affaires de stupéfiants ont explosé dans le pays. Publié ce jeudi, le dernier rapport de l’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP), met en lumière la multiplication significative du nombre d’affaires liées à une infraction à la législation sur les stupéfiants (ILS) en France, entre 1990 et 2010. Leur nombre a été multiplié par 6 ; le cannabis est la drogue la plus fréquemment saisie par les forces de l’ordre.
Le cannabis en tête
Selon le rapport, qui s’est penchée sur la nature des affaires de stupéfiant traitées par la police, le cannabis représente 70% à 90 % des ILS sur la période recensée. Quant au trafic, il est principalement local. Le nombre d’ « interpellés pour le trafic local de cannabis a été multiplié par 5 en 20 ans », indique le rapport. Les affaires concernant l’ « usage simple » de cannabis ont elles été multipliées par sept. Dans 80 % des cas, ces interpellations pour cette drogue concernent l'usage et la revente.
Source : Ministère de l'Intérieur, OCRTIS - traitement ONDRP
Peu de récidive
La récidive est rare. Toujours d’après le rapport, près de 70 % des personnes interpellées pour usage simple ne l’ont été qu’une seule fois sur vingt ans. Les hommes représentent 90% de ces interpellations, ils sont en grande majorité de nationalité française. Les femmes, elles, « sont un peu plus représentées dans les affaires de trafic international ».
Comme le démontre le document, les affaires de stupéfiants liées au cannabis polarisent majoritairement le travail des forces de l’ordre. En matière de répression, la France arrive en tête des pays européens. Malgré l’intransigeance du droit français en matière de stupéfiant, le nombre de consommateurs de cannabis ne baisse pas pour autant.
Pour le chef de l’ONDRP, Christophe Soullez, interviewé par le quotidien Le Parisien, « il faut réfléchir à un autre mode de sanction et privilégier la contravention ». Pour d’autres, la dépénalisation du cannabis s’impose, comme pour le Professeur Dautzenberg. Selon lui, la légalisation du cannabis « serait préférable pour la santé publique. Ce n'est pas en mettant tout le monde en prison qu'on réglera le problème ». Autre défenseur de la dépénalisation du cannabis : Patrick Menucci. Pour le député socialiste des Bouches-du-Rhône, interviewé par La Provence, « L’ Etat doit légaliser le cannabis, créer une filière et un monopole d’Etat et en assurer la distribution ». Pour l'homme politique, c’est le seul moyen d’empêcher les violents règlements de compte qui sévissent depuis des années à Marseille. « Tant qu’un tel marché existera et demeurera dans l’illégalité, des groupes de malfaiteurs se battront pour le contrôler ».