Lors d’un résultat positif à la mammographie, la tumeur est déjà présente. Un diagnostic plus précoce serait un avantage non négligeable pour combattre plus efficacement le cancer du sein, le plus mortel au niveau mondial chez la femme. Une équipe de l’école de médecine de Harvard (HMC) a identifié une molécule présente dans les tissus mammaires sains. Elle permettrait de déterminer de manière assez précise les femmes qui présentent un risque important de développer un cancer.
L’étude, publiée dans Cancer Research, a été réalisée sur 302 échantillons issus de biopsies de femmes qui avaient consulté pour une pathologie mammaire, différente du cancer du sein. Parmi elles, 69 ont par la suite développé une tumeur maligne.
Les chercheurs ont remarqué que les femmes dont les cellules des mamelons et des lobules – qui produisent le lait – contenaient les plus hauts taux d’une molécule appelée Ki67 avaient cinq fois plus de risques de développer un cancer du sein par la suite.
Des mammographies mieux ciblées
« Actuellement, nous ne sommes pas très performants dans l’identification des femmes à haut risque de développement d’un cancer du sein, explique Rulla Tamimi, Professeur associé à la HMC, qui dirigé l’étude. En le faisant, nous pourrions développer des dépistages individualisés, et ainsi des stratégies de réduction des risques plus ciblées. »
La mammographie est pour l’instant la seul moyen de dépistage efficace. Elle présente cependant quelques inconvénients. Elle conduit notamment à des faux positifs et des faux négatifs ; certaines femmes ayant un début de cancer du sein ne sont donc pas toujours repérées, et inversement, d’autres sont inquiétées et parfois traitées à tort. D’autre part, les radiations émises lors de l’examen sont faibles, mais avec la répétition des mammographies, le risque de cancer lié au rayonnement augmente légèrement.
Les bénéfices de ce dépistage sont largement supérieurs aux inconvénients, mais « il serait appréciable de diminuer les niveaux d’exposition aux radiations pour les femmes présentant un risque faible », ajoute Rulla Tamimi. Le dosage du Ki67 pourrait alors être une alternative, mais il repose pour l’instant sur une biopsie, trop invasive pour des personnes saines. Si les chercheurs parvenaient à développer un test sanguin, le test du Ki67 pourrait bien s’avérer déterminant dans la qualité du dépistage.