Comment soutenir le développement des compétences en lecture des petits Français ? C'est la question à laquelle a répondu la Conférence du consensus organisée du 16-17 mars à l’Ecole Normale Supérieure de Lyon. Dans un document publié il y a quelques jours, le Conseil National d'Evaluation du Système Scolaire (CNESCO) et l'Institut français de l'Education (Ifé) dévoilent 47 recommandations formulées par un jury d'acteurs et d'usagers de l'école pour améliorer l'apprentissage de la lecture dans l'Hexagone.
La principale mesure proposée est de poursuivre l'enseignement de la lecture au-delà du primaire. Au collège, voire jusqu'au lycée, préconisent ces experts. En effet, pour les chercheurs, les élèves ont besoin, même à 18 ans, d'explications linguistiques.
Concrètement, cela se traduira par une formation des professeurs afin qu'ils soient en mesure d'enseigner les mécanismes de base de la lecture. « Le consensus dans le milieu scientifique est très fort. On n'est pas sur des méthodes contre des méthodes », a rassuré à la tribune Jean Emile Gombert, professeur en psychologie cognitive des apprentissages et président du jury.
Commencer le plus tôt possible
Poursuivre tard donc, mais aussi commencer le plus tôt possible. En CP, ces scientifiques recommandent un apprentissage dès les premiers jours, avec des exercices répétés et variés, ainsi qu'avec un effort sur le vocabulaire. Mais l'enseignement de la lecture pourrait même être envisagé avant le primaire. Ces experts conseillent que dès la maternelle, à partir de jeux (des petites pièces de théâtre par exemple), les enfants analysent des mots à l'oral, les décomposent, et développent la compréhension orale et le vocabulaire.
Le tout à un rythme soutenu, même pour les élèves les plus faibles. Dès le CP, l’enseignant devra y consacrer au moins 15 minutes par semaine. L'objectif affiché est de réduire les écarts entre élèves. Des recherches récentes montrent en effet que certains enfants de milieux défavorisés connaissent en moyenne 1 000 mots de moins que les autres élèves à leur entrée en primaire.
Varier les supports de lecture
En classe de CP, la méthode consistera ainsi à introduire rapidement au moins une dizaine de « correspondances graphèmes-phonèmes » (par exemple O-U = OU), en nombre suffisant pour entretenir la motivation des élèves, même ceux en difficulté. Il faut mettre aussi en place « une pratique importante pour assurer l'automatisation », suivant le principe que « plus on lit, mieux on lit », martèle Michel Lussault, président de l'Ifé et du Conseil supérieur des programmes (CSP).
En fonction des objectifs, il est également souhaitable de varier les supports de lecture, concluent les experts.
Selon l’enquête internationale Pisa sur les performances des jeunes européens publiée en 2012 par l’OCDE, 37 % des élèves de 15 ans ne maîtrisent pas la compréhension de l’écrit à la fin du collège. Avec une évolution négative, puisque 19 % des élèves de 15 ans étaient peu performants en compréhension de l’écrit, contre 15 % en 2000 (PISA 2012).
Entre 2000 et 2012, la part d’élèves en grande difficulté a augmenté de 4 % en France alors qu’elle a diminué, en moyenne, de 2 % dans les pays de l’OCDE.
La France est ainsi le pays de l’OCDE, après l’Israël, qui présente le plus grand écart entre les élèves les plus performants et les moins performants (PISA 2012).
Par exemple, l’écart de performances entre filles et garçon est tel qu’à 15 ans, il y a autant de différence entre les sexes qu’entre un élève de 3e et de 2nde, à la défaveur des garçons.