Développée avec des tabacologues et des vapoteurs, ENOVAP est la premère e-cigarette « connectée et intelligente », présentée ce jeudi par ses concepteurs, pour libérer de la dépendance nicotinique les fumeurs. Grâce à une intelligence artificielle créée par des ingénieurs français, l'outil gère la concentration en nicotine à chaque instant et par conséquent, fait varier le HIT (contraction dans la gorge qui satisfait le fumeur). Elle espère ainsi faire accéder le vapoteur au « Hit Control ».
Pour y parvenir, ENOVAP propose un dispositif avec deux réservoirs : le premier contenant un liquide sans nicotine, le deuxième avec le dosage en nicotine de son choix. Connecté en Bluetooth, l'appareil permet de suivre sa consommation via une application Smartphone. Et après une semaine d’utilisation, le vapoteur pourra activer le fameux « mode automatique ». A partir de là, c'est la technologie qui prend les commandes pilotées par des algorithmes complexes mis au point avec des médecins.
Dans les détails, le programme repose sur une analyse des habitudes de l’utilisateur afin d’anticiper ses besoins pour une diminution « en douceur », tenant compte de sa consommation passée. Mais pas d'inquiétude pour les plus sceptiques à la e-santé, en cas d’événement exceptionnel dans la journée, il est possible de repasser en « mode manuel » à tout moment pour combler ses envies. L’objectif du « Hit Control » est donc d’aider les fumeurs en limitant leur rechute dans le tabac du fait d'un accompagnement « progressif et individualisé », promettent les fabricants.
Améliorer les connaissances
Expert du sevrage tabagique, le Pr Bertrand Dautzenberg estime que tout ce qui fait sortir du tabac est « une bonne chose ». Contacté par Pourquoidocteur, il confie qu'il va à l'avenir collaborer avec les six jeunes ingénieurs et entrepreneurs qui ont fondé ENOVAP.
« Si le système marche à grande échelle, on aura des données fantastiques pour expliquer pourquoi l'immense majorité des fumeurs qui passent à la e-cigarette diminuent leur consommation de nicotine de 80-90 % dans les trois mois, et pourquoi 10-15 % des fumeurs ne la baissent pas. Pour l'instant, je n'arrive pas à comprendre pourquoi », déplore-t-il.
Concrètement, la base de données des ingénieurs permettra des études « en permanence » et le Pr Dautzenberg n'est pas le seul médecin à vouloir s'associer au projet.
Le lancement des premiers travaux est prévu à l’automne 2016 (recrutement) et la phase terrain devrait débuter en février 2017. Elle s’articulera en 3 bras. D'abord les fumeurs accompagnés de façon traditionnelle par un médecin tabacologue, puis, les fumeurs accompagnés par un tabacologue et le soutien d’une cigarette électronique « classique ». Enfin, les fumeurs accompagnés par un médecin tabacologue et disposant du dispositif ENOVAP, précise la société dans un communiqué.
Vers un coaching professionnel en ligne
Et pour aller encore plus loin, Alexandre Sheck, l'un des responsables d’ENOVAP, envisage aussi de créer une communauté autour des utilisateurs du dispositif. Des professionnels de santé devraient même en faire partie. « Beaucoup d'entre eux me disent qu'avec un accompagnement sérieux sur plusieurs mois, on peut multiplier par trois ou cinq l'efficacité du sevrage tabagique », estime Alexandre Schek.
Utilisable pour d'autres addictions
Enfin, l'ambition de l'équipe semble n'avoir aucune frontière, car ces ingénieurs aimeraient utiliser la technologie ENOVAP dans le traitement d'autres addictions (pour le cannabis aux Etats-Unis par exemple), ou dans la gestion de la douleur. « On peut imaginer dans un avenir de 5-10 ans, peut-être, d'avoir des médicaments qui seraient vaporisés. Pourquoi pas avec de la morphine en permettant au spécialiste de santé, via l'application, de délivrer lui-même les doses exactes à son patient, le tout à distance », conclut Alexandre Sheck.
Depuis le 22 mars dernier, ENOVAP a lancé une campagne de crowdfunding sur Wellfundr, la première plate-forme dédiée à la santé en France, afin de valider son potentiel. Le dispositif peut être commandé en ligne au prix de 122 euros, avant une mise sur le marché dans les magasins spécialisés en janvier 2017 au prix de 189 euros.