NPBT, pour New Plant Breeding Techniques. Ces quelques lettres, encore inconnues du grand public, pourraient être au cœur de l'actualité dans les prochaines semaines. Bruxelles doit en effet décider en mai si ces nouveaux types d'aliments modifiés seront soumis ou non à la stricte réglementation européenne sur les OGM.
Le lobbying des industriels est intense, d'autant qu'ils commercialisent déjà de nombreux produits de ce type en Amérique du Nord. De leurs côtés, les associations, comme Greenpeace, tentent de riposter fermement, avec des actions ciblées.
Une mutation interne
Mais de quoi s'agit-il précisément ? Contrairement aux OGM classiques, obtenus en introduisant un gène provenant d’un autre organisme dans le génome d’une plante, les NPBT sont produits grâce à une technique spécifique de modification du génome, la « mutagenèse ».
Celle-ci permet de créer de nouvelles espèces, en provoquant une mutation ciblée au sein même du génome de la plante. L'utilisation de radiation, de substances chimiques ou la réintroduction d'une séquence synthétisée d’ADN permet ainsi aux chercheurs d'obtenir de nouvelles propriétés, comme une meilleure résistance aux parasites ou un rendement plus important.
Des « mutants naturels »
Selon le Comité scientifique du Haut Conseil des biotechnologies, la nouvelle plante peut donc être comparée à celles obtenues par un « croisement conventionnel ». Il n'y aurait au final pas de différence entre les mutants naturels et artificiels, à l'exception de l'accélération du processus. Mais la Commission européenne hésite. Jusqu'à nouvel ordre, tous les États doivent donc leur appliquer la même réglementation que celle des OGM.
Mais des changements sont attendus prochainement. Et comme sur les OGM, la France devrait jouer un rôle important dans ce dossier. D'où l'inquiétude des associations de voir le HCB plaider plutôt en faveur d'une réglementation plus souple. Elle reproche également à l'organisation ne ne pas avoir intégré lors d'une précédente réunion l'avis divergent d’Yves Bertheau, directeur de recherche à l’Institut national de la recherche agronomique (INRA), qui a, depuis, démissionné du Conseil scientifique.
Un brevetage impossible ?
La Confédération paysanne s'inquiète enfin de cette notion de « mutants naturels ». Car si rien ne permet de distinguer les nouveaux végétaux génétiquement modifiés des plantes qui existent déjà ou qui sont issues de procédés conventionnels non OGM, la notion de brevet devient particulièrement floue.
« Cette absence de distinction permet à l’industrie de revendiquer la propriété industrielle de toutes les plantes cultivées porteuses d’une “information génétique” similaire à celle décrite dans les brevets », même si ces dernières ont été obtenues suite à l’utilisation de procédés de sélection traditionnels non OGM.