Écouter sa faim aide à être mince. C'est ce que révèle l'étude d'une équipe de chercheurs français de l'Inserm (1) selon laquelle les personnes qui mangent uniquement si elles ont faim et s’arrêtent une fois rassasiées, indépendamment de leurs émotions du moment, ont davantage la ligne. Des résultats inédits publiés dans la revue Obesity.
Cette alimentation dite "intuitive" est aussi caractérisée par des individus qui trouvent une autre alternative que la nourriture en cas de stress ou d’anxiété. « Autrement dit, s’autorisant à manger tout ce qu’ils veulent à partir du moment où l’organisme le demande », précise Sandrine Péneau, principale auteure de ces travaux.
Plus de 50 000 participants
L’utilisation d’un questionnaire, l’Intuitive Eating Scale-2 (IES-2, traduit en français par cette même équipe) a permis aux chercheurs d’étudier cette façon de s’alimenter chez des participants à la cohorte NutriNet-Santé. Celle-ci est une vaste étude lancée en 2009, portant sur les déterminants des comportements alimentaires et les liens entre alimentation et santé, en s’appuyant sur un suivi de dix ans via des enquêtes en ligne.
Parmi les volontaires, 11 774 hommes et 40 389 femmes âgés de 50 ans en moyenne ont répondu au questionnaire IES-2 et renseigné leur taille et leur poids, pour calculer leur IMC (2). Et les résultats sont sans appel. Ils montrent que ceux qui avaient les meilleurs scores au questionnaire IES-2, c’est à dire répondant le plus aux critères d’alimentation "intuitive", avaient le plus faible risque d’être en surpoids ou obèses.
Les régimes inefficaces
L’association était particulièrement forte chez les femmes, et pour l’obésité. Mieux, ce lien persiste lorsqu’on segmente les différentes composantes de l’alimentation "intuitive" : « Cela signifie que manger seulement quand on a faim est associé à un risque de surpoids et d’obésité plus faible, manger pour des raisons physiques et non émotionnelles également, ainsi que le fait de ne pas se restreindre quand on a faim », résument les auteurs dans un communiqué.
« Ce dernier point semble confirmer que la restriction, et par conséquent les régimes, ne fonctionnent pas sur le long terme comme de nombreuses études tendent à le montrer », ajoute Sandrine Péneau.
Mais pour la scientifiques, c'est important de le redire, « car il y a un message de santé publique potentiellement fort derrière cela ». « Les mentions : mangez lentement, écoutez votre faim, ou encore faites confiance à vos signaux corporels, pourraient à mon avis tout à fait figurer au Programme National Nutrition Santé (PNNS), au même titre que mangez cinq fruits et légumes par jour ou évitez de manger trop gras, trop salé, trop sucré », conclut-elle.
(1) Unité 1153 Inserm/Inra/Cnam/Université Paris 13, Centre de recherche en épidémiologie et statistiques, équipe EREN, Bobigny (93)
(2) Indice de Masse Corporelle