Lorsque l’œsophage est atteint, c’est toute la capacité d’alimentation qui est remise en question. Les ablations d’une partie ou de la totalité de cet organe ne sont souvent réalisées qu’en dernier recours car les procédures et les conséquences sont lourdes. The Lancet présente le cas exceptionnel d’un patient opéré par une technique jamais réalisée sur l’être humain auparavant. Un morceau de son œsophage a été recréé grâce à de la peau greffée sur un stent.
Les médecins du Medical College of Wisconsin à Milwaukee (Etats-Unis) ont utilisé une nouvelle technique, expérimentée seulement sur l’animal jusqu’à présent. Ils ont posé un stent, une sorte de tube métallique qui sert généralement à maintenir ouvert un œsophage trop étroit, et de la peau provenant d’un donneur. Toute l’opération a été réalisée par endoscopie, en passant par la bouche.
Sept ans après l’opération, l’organe est toujours fonctionnel, et le patient peut avaler normalement. Il se maintient à un poids correct et observe un régime alimentaire normal. « C’est une première sur l’homme, se réjouit le Pr Kulwinder Dua, qui a dirigé la procédure. Nous avons réalisé cette opération inédite pour sauver le patient, parce qu’aucune autre option n’était envisageable. »
5 cm de greffe
Le jeune homme de 24 ans avait dû subir une opération le privant de 5 cm d’œsophage – qui mesure 25 à 30 cm chez l’homme – suite à une infection qui l’avait laissé dans un état général de santé très inquiétant. Une longueur trop importante et une faiblesse qui ne permettaient pas une reconstruction avec d’autres parties du tube digestif (estomac ou côlon), comme la procédure habituelle le prévoit.
Douze semaines après l’opération, le stent devait être retiré. Mais le patient, craignant un affaissement de son tube œsophagien, avait refusé l’intervention. Trois ans et demi plus tard, il a finalement été ôté, et les médecins ont pu observer que les cinq parois de l’œsophage étaient bien présentes sur la zone greffée. Le jeune homme avait alors retrouvé sa fonction de déglutition, même lorsqu’il était penché à 45°.
Une technique simple
« Notre approche est intéressante parce que nous avons utilisé des produits disponibles, qui ont déjà été approuvés pour l’utilisation sur l’homme, et qui ne nécessitent pas de technologie particulièrement complexe au niveau des tissus. », ajoute le Pr Dua.
Malheureusement, en raison du report de plus de trois ans, il est difficile de déterminer la durée de la reconstruction. « Nous sommes encore loin de pouvoir utiliser cette procédure de manière routinière, tempère le Pr Dua. Elle nécessite une évaluation rigoureuse chez l’animal, et des études cliniques sur l’homme. »
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