En matière d’éjaculation, n’ayez point la main leste. Une nouvelle étude confirme tout l’intérêt que peut avoir l’orgasme masculin répété sur la santé des hommes. En particulier, le fait d’éjaculer fréquemment – et ce, à tout âge de la vie sexuelle – semble avoir un effet protecteur contre le cancer de la prostate.
Ce constat, déjà établi dans de précédents travaux, fait l’objet d’une étude de vaste ampleur, menée sur près de 32 000 hommes et publiée dans la revue scientifique European Urology. Les sujets ont été suivis pendant 18 ans, au cours desquels 3800 participants ont développé un cancer de la prostate.
Or, selon les observations des chercheurs, une fréquence de 21 éjaculations mensuelles est associée à une diminution considérable du risque de développer cette pathologie. Ainsi, pour un homme âgé de 20 à 29 ans qui maintient cette performance, la réduction est de l’ordre de 19 % (22 % pour les 40-49 ans).
« Théorie de la frustration »
Si l’effet de causalité n’est pas démontré dans ces travaux, il reste étroitement lié à la « fameuse et ancienne théorie de la frustration », explique François Desgrandchamps, chef du service urologie de l’hôpital Saint-Louis, à Paris. Cette théorie se fonde en effet sur le caractère carcinogène du liquide prostatique, qu’il faut évacuer autant que se peut, afin de ne pas le laisser altérer la prostate.
« De fait, il y a dans le sperme des substances carcinogènes – toutes les polyamines, la putrescine, la spermidine, la spermine…, précise François Desgrandchamps. Naturellement, on s’est donc dit que si ces substances se trouvaient en concentration importante dans la prostate, elles pouvaient devenir cancérigènes. »
"Souvent, mais proprement"
A ce jour, la théorie demeure invérifiable scientifiquement – il faudrait réaliser des études prospectives et demander à un groupe d’hommes d’éjaculer quatre fois par mois, tandis que l’autre devrait s’adonner à une activité soutenue, à hauteur de 20 émissions mensuelles. Ce qui, en pratique, n’est pas aisé à mettre en place.
Toutefois, ces travaux épidémiologiques semblent bel et bien confirmer la théorie de la frustration. « La preuve du concept est déjà bien connue, il ne s’agit pas seulement de relation statistique », ajoute l’urologue parisien.
En mai 2015, déjà, la Havard Medical School préconisait aux hommes une éjaculation quotidienne à partir de 40 ans pour prévenir le cancer de la prostate. L’intérêt d’avoir des partenaires multiples a ainsi été mis en avant à plusieurs reprises.
Avec un bémol toutefois : les IST (infections sexuellement transmissibles) multipliant le facteur de risque de cancers, mieux vaut accompagner sa frénésie d’une grande prudence concernant les moyens de protection – en dehors du cadre de la masturbation, du moins. Une petite boutade du milieu de l’urologie résume bien la situation : « Il faut éjaculer souvent, mais proprement ! »