Un euro investi dans la lutte contre les maladies mentales en rapporterait quatre, selon une étude dirigée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et publiée dans The Lancet Psychiatry. Les 1" et 14 avril, l'OMS organise une série d’évènements, conjointement avec la Banque mondiale, visant à valoriser la prise en charge de ces pathologies, et à analyser les approches souvent innovantes et couronnées de succès dans de nombreux pays.
L’argument massue pour l’OMS : traiter les maladies mentales est rentable pour la santé publique d’un pays, bien sûr, mais aussi pour son budget ! L'agence onusienne a évalué les coûts et les retours sur investissement des la mise sous traitement des patients dans 36 états aux revenus faibles, intermédiaires, et élevés entre 2016 et 2030.
Les dépenses de la prise en charge pour ces pays s’élèveraient à 147 milliards de dollars, mais elle en rapporterait presque 400 milliards en matière d’amélioration de productivité (+5 %). Les économies sur les dépenses de santé générale pourraient aussi atteindre 310 milliards de dollars.
3 % des budgets de santé
« Malgré les centaines de millions de personnes souffrant de troubles mentaux dans le monde, la santé mentale est toujours en marge », a déploré Jim Yong Kim, Président du Groupe de la Banque mondiale. « Il ne s’agit pas simplement d’un problème de santé publique, cela concerne aussi le développement. Nous devons agir maintenant parce que l’économie mondiale ne peut tout simplement pas se permettre une telle perte de productivité. »
Pour l’instant, rappelle l’OMS, les gouvernements ne dépensent en moyenne que 3 % de leur budget pour la santé mentale. Une part qui descend à 1% dans les pays à faibles revenus.
Réduire d’un tiers la mortalité
Lors des deux jours de réunions, les participants étudieront la réussite des politiques menées dans plusieurs pays. Le Brésil, l’Ethiopie et l’Afrique du Sud en particulier ont mis en place des formations rapides, ou ont repensé leur système de soins, ce qui leur ont permis, selon l’OMS, de surmonter les difficultés auxquelles ils étaient confrontés.
« La santé mentale doit être une priorité de l’action humanitaire et du développement, à l’échelle mondiale et dans chaque pays », insiste Arthur Kleinman, Professeur d’anthropologie médicale et de psychiatrie à l’Université de Harvard. « Nous devons délivrer dès maintenant les traitements à ceux qui en ont besoin et dans les communautés où ils vivent. Tant que ce ne sera pas fait, la maladie mentale continuera d’oblitérer le potentiel des populations et des économies. »
L’OMS espère réduire d’un tiers la mortalité prématurée liée aux maladies mentales non transmissibles d’ici 2030, par la prévention et le traitement. Elle souhaite aussi promouvoir la santé mentale générale et le bien-être, primordiales dans l'amélioration de la productivité.