Depuis une cinquantaine d’années, les médecins recommandent l’utilisation des huiles végétales pour limiter la nocivité du beurre sur la santé cardiovasculaire. Les graisses saturées d’origine animale sont notamment accusées de faire monter le taux de mauvais cholestérol (LDL). Une étude publiée dans BMJ confirme ce dernier fait, mais contredit les bénéfices des huiles sur la mortalité : au contraire, les huiles végétales pourraient bien être associées à une surmortalité cardiaque.
Pour parvenir à ces résultats à contre-courant, les chercheurs de l’UNC (Etats-Unis) ont repris les données brutes d’une grande étude randomisée de la fin des années 1960, la Minnesota coronary experiment (MCE), portant sur près de 10 000 personnes, et dont des résultats avaient été publiés en 1989.
« En y regardant de plus près, nous avons réalisé que d’importantes analyses prévues par les chercheurs à l’époque n’apparaissaient pas dans l’article scientifique », explique le Dr Daisy Zamora, chercheur au département de psychiatrie de l’UNC et auteure principale de l’étude publiée dans BMJ.
Deux fois plus de crises cardiaques
Les résultats de cette seconde analyse des données ont confirmé l’effet de diminution du cholestérol chez les personnes consommant des graisses riches en acide linoléique (oméga 6) : huiles de tournesol, de carthame, de soja, de maïs ou de coton.
En revanche, en analysant les rapports d’autopsies des personnes décédées, celles du groupe « huiles végétales » présentaient deux fois plus de causes de décès d'origine cardiaque que les autres. Et les personnes de plus de 65 ans décédées pendant l’étude y étaient 15 % plus nombreuses !
« Une sous-estimation des risques »
Les données retrouvées par les chercheurs de l’UNC ne sont cependant pas complètes, car leur récupération des bandes magnétiques conservées par le fils du directeur de l’étude original n’était pas complète. Les nouveaux résultats obtenus concordent cependant avec d’autres études réalisées, ne montrant pas non plus d’effet bénéfique des régimes à base d’huiles riches en acide linoléique.
« Dans son ensemble, notre étude nous laisse penser que les publications incomplètes de données importantes sur le remplacement des graisses saturées par des huiles riches en acide linoléique ont contribué à une surestimation des bénéfices, et à une sous-estimation des risques », conclut le Dr Zamora. Ces résultats étonnants ne manqueront pas de faire réagir les cardiologues, et pourraient bien faire rouvrir les recherches dans le domaine.