« Dedans / dehors », « intérieur / extérieur », « caché / montré »… et si une bonne partie de notre imaginaire et de nos comportements pouvait être façonnée par ces simples notions ? Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi les garçons accordaient une importance si particulière à leur sexe, à son fonctionnement, à ses prouesses, à ses manquements ? Pourquoi revenait si souvent dans leur questionnement le leitmotiv « suis-je à la hauteur ? », « suis-je normal ? », « simule-t-elle ? », « suis-je le père de ses enfants ? » . Et si tout n’était qu’une question d’intériorité et d’extériorité ?
Essayons un petit bout d’introspection (méta)physique. Les hommes ont un sexe externe, visible, éloquent, les femmes un sexe interne, mystérieux, silencieux. Quand un homme a une panne, cela se voit; quand une femme a une panne, elle peut la dissimuler en simulant, la déroute n’est pas si catastrophique.
Quand un homme a un petit sexe, c’est au vu et au su de tous ( « syndrome du vestiaire ») ; quand une femme a un petit sexe, ça ne se voit pas et personne n’ira le mesurer, ni même ne songera à faire des concours de « à qui pissera le plus loin ».
Quand les hommes fantasment (sexe externe), ils rêvent de puissance sexuelle, de harem et de possession, de femmes qui n’en peuvent plus de désir et de plaisir grâce à leur joujou, de domination et de multiplication des partenaires ; quand les femmes fantasment ( sexe interne), elles rêvent d’accueil et de recevoir , de caresses, de baisers, de soumission, voire de viol.
Dès la puberté, les garçons découvrent l’orgasme assez facilement, ils connaissent leur corps et leur sexe. Ils le caressent, le tripotent, l’expérimentent, se masturbent et le plaisir vient. Cet orgasme est valorisé, c’est un signe de virilité encouragé socialement, c’est même un signe d’affirmation de soi. Les filles se connaissent beaucoup moins puisque leur sexe est interne. Elles se masturbent moins. Elles ne découvrent la jouissance qu’au bout de quelques mois ou années d’entraînement, parfois même à 40 ans ou à 50 ans, quand elles parviennent enfin à lâcher prise. Et bien sûr, la religion, la culture et l’éducation n’ont jamais valorisé les jouisseuses.
Quand les garçons multiplient les pannes (hormis raisons médicales), c’est souvent pendant leurs grandes périodes de doute et de remise en question. Ils ont alors une piètre image de leur personne, comme si ce qui symbolisait leur force, c’était leur pénis, c’est là que leur difficulté s’exprime de manière la plus visible, extérieurement (c’est tout mou) et métaphoriquement (plus rien ne les fait « bander »).
Quand les filles sont frigides (hormis des abus sexuels antérieurs), ce n’est pas parce qu’elles doutent d’elles-mêmes ou traversent de grands questionnements existentiels, mais c’est qu’elles ignorent le plus souvent leur fonctionnement, qu’elles ne savent ce qui leur fait plaisir. Depuis Masters et Johnson (dans les années 60) et surtout depuis le premier rapport Hite sur la sexualité féminine ( en 1976 ), on sait que la pénétration ne suffit pas au plaisir féminin ( extérieur et intérieur réunis), qu’il faut y associer la stimulation du clitoris et quelques préliminaires, ce qui sous entend connaître l’exacte géographie de son corps et sa carte du tendre.
Les garçons jouent les gros durs et la ramènent depuis des siècles avec leur étendard viril. Pourtant, ce qui est leur force et aussi leur faiblesse. Ils doivent toujours prouver. Ils ne sont sûrs de rien. Ils doutent beaucoup. Le phallus et ses à-côtés sont au cœur de leurs préoccupations. Une phrase récurrente le prouve : « montre que tu as des couilles ! ».
Il ne viendrait jamais à l’esprit d’une femme de dire « montre que tu as un vagin ! » même si certaines ne se gênent pas pour employer l’expression « je m’en bats les couilles » mais c’est une autre histoire. Que son vagin fasse 5 cm ou même 30 cm, la fille s’en fiche. Elle ignore combien mesure son vagin et jusqu’où il va en profondeur ! (Au lecteur curieux je livre quand même une réponse, le vagin mesure 8 à 12 cm et peut s’allonger de 50 % au cours de l’acte sexuel ).
Le phallus a toujours symbolisé la puissance sexuelle, la virilité et la masculinité. Ce n’est pas un hasard si dans nos vénérables dictionnaires, gardiens de tous les mots ( maux ?), viril signifie aussi courageux, énergique, noble, fort, ferme, vigoureux…
Tandis que les filles réduites à leur creux et à leur utérus se sont vues affublées de l’adjectif hystérique, qui vient du grec et signifie matrice. Au Moyen-âge, l’hystérie était associée au diable ; au temps de Freud à une profonde névrose sexuelle ! Cherchez l’erreur…