Super-héros, pouvoirs, magie… Rien de tout cela dans le nouveau manga des éditions Kurokawa, dont le nom trahit le ton : Anus beauté. Il raconte la lutte d’un adolescent contre un « démon » qui lui pourrit la vie, une hémorroïde. Sous cette forme originale, le manga parle du principal facteur aggravant de la maladie, en particulier chez les adolescents : le tabou.
Voici donc la quête de Yakushiji qui n’ose parler à personne de sa malédiction jusqu’à ce qu’il soit démasqué. Fou amoureux d’une fille qu’il ne peut pas approcher tant la moindre émotion provoque un prolapsus hémorroïdaire de stade III, le garçon vit un véritable calvaire. Vous ne savez pas ce que c’est qu’un prolapsus hémorroïdaire de stade III – ou extériorisation d’hémorroïde interne ? Anus beauté vous l’explique.
Heureusement – et malheureusement – pour Yakushiji, l’une de ses camarades le démasque et le soulage de force grâce à une crème anti-inflammatoire et antalgique. C’est le début d’une amitié étrange, ponctuée de scènes ambigües et de leçons médicales limpides sur les pathologies anales et leurs traitements (à lire de droite à gauche).
Les traitements, la prévention
Ce voyage initiatique au cœur de l’anus est l’occasion de communiquer sur la prévention et les traitements. La « sidekick-ass », comme elle aime à se présenter (en anglais, sidekick pour acolyte, et kick-ass pour botter le cul) rappelle les bonne habitudes alimentaires pour éviter les hémorroïdes. Le plus important : éviter la constipation et les selles dures. Pour cela, elle conseille de manger beaucoup de fibres. Elle déconseille aussi les aliments épicés, qui peuvent favoriser les hémorroïdes.
Le but pour Yakushiji : atteindre l’été pour se faire opérer en toute discrétion. Mais avant la chirurgie, des solutions existent si elles sont appliquées à temps. « Au premier niveau de soin, on applique des suppositoires ou des pommades », rappelle le Dr Laurent Abramowitz, proctologue à Paris. « Si ces traitements ne fonctionnent pas, on peut brûler les hémorroïdes grâce à des dispositifs à infrarouges, ou les ligaturer. Ce sont des actes réalisés en cabinet en quelques minutes, sans arrêt de travail nécessaire, et non douloureux. »
Entre aventure, humour et vulgarisation scientifique, Anus Beauté touche du doigt les fondements du problème, l’air de rien. Les pathologies anales souffrent d’une telle réputation que les patients retardent la consultation au maximum, jusqu’à un stade souvent bien trop tardif.
« Il y a un tabou parce que tout le monde a du mal à baisser son pantalon pour montrer ses fesses, explique le Dr Laurent Abramowitz. Mais il traîne aussi dans certaines mentalités l’idée que les problèmes d’anus sont sexuels ; en gros, c’est parce que je pratique la sodomie que j’ai une pathologie. Ce qui est complètement faux. »