Depuis le début de l’épidémie de Zika en Amérique du Sud, toutes les preuves l’accusaient. Aujourd’hui, le virus Zika est enfin reconnu coupable. Des chercheurs des Centres américains de contrôle et de prévention des maladies (CDC) confirment que ce virus transmis par le moustique Aedes provoque la microcéphalie et les autres formes de malformations congénitales observées chez des enfants nés de mères infectées. Ces conclusions ont été publiées ce mercredi dans le New England Journal of Medicine.
Jusqu’à ce jour, les scientifiques et autorités sanitaires ont fait preuve de prudence. Bien que Zika semblait être le responsable de cette explosion de cas au Brésil – plus de 4 900 cas suspects ont été signalés -, personne ne l’avait encore affirmé.
Les chercheurs américains ont examiné tous les éléments scientifiques qui suggéraient que Zika provoquait ces malformations. Ces dernières semaines, de nombreuses études ont mis en évidence la présence de Zika dans le liquide amniotique, sa capacité à détruire les cellules souches neuronales, ce qui expliquerait le sous-développement cérébral des enfants. Une étude de l’Institut Pasteur parue mi-mars a par ailleurs montré que Zika multipliait par 50 le risque de développer une microcéphalie lorsque la mère est infectée au 1er trimestre de sa grossesse.
Un éventail de malformations
Les CDC se veulent toutefois rassurants. Ils insistent sur le fait que toutes les femmes enceintes infectées par Zika ne donneront pas naissance à des enfants atteints d’anomalies cérébrales. Des travaux sont justement conduits pour évaluer la période de la grossesse la plus à risque. « Nous lançons également des études afin de déterminer si les enfants microcéphales font partie d’un éventail d’anomalies neurologiques et autres troubles développementaux », indique Tom Frieden, directeur des CDC.
Des recherches indispensables car plusieurs équipes de recherche ont observé des retards de croissances avec ou sans microcéphalie, ainsi que des graves complications oculaires pouvant conduire à la cécité.
Des dommages « extrêmement sévères »
Les anomalies cérébrales liées à la microcéphalie commencent à être de plus en plus détaillées. Des médecins brésiliens ont étudié le cerveau de 23 enfants atteints de microcéphalie nés entre juin et décembre 2015. Ces nourrissons ont passé des scanners et des IRM. Ces examens ont révélé chez la grande majorité de ces bébés des dommages cérébraux « extrêmement sévères indiquant un très mauvais pronostic pour la fonction neurologique », expliquent les auteurs de l’étude publiée ce mercredi au British Medical Journal.
Tous présentent des calcifications, signes de la destruction des cellules neuronales. Un volume cérébral réduit, des ventricules cérébraux anormalement augmentés sont également mis en évidence. Les médecins ont également noté une atrophie du cerebellum, une zone responsable de la motricité, ainsi qu’une connexion sous-développée entre cette zone et la moelle épinière, ce qui laisse supposer que la communication entre le cerveau et le reste du corps est endommagée. Une mauvaise connexion entre les 2 hémisphères est également apparue aux scanners.
Les chercheurs indiquent en outre un retard du processus de myélinisation des neurones. La formation des gaines de myéline est très importante car elle permet à l’information de circuler plus rapidement dans le cerveau.