Décidément, Valérie Pécresse (LR) n’a pas les politiques de santé publique dans la peau. Après avoir suggéré de dépister tous les lycéens pour réduire la consommation de cannabis – malgré les données scientifiques établissant l’inefficacité d’une telle mesure – la nouvelle présidente de la région Ile-de-France a encore frappé.
Cette fois, elle s’est attaquée au « Pass Contraception », sorte de carnet composé de coupons détachables à destination des jeunes de moins de 20 ans, permettant l’accès anonyme et gratuit pendant un an à la pilule, aux consultations gynécologiques, au dépistage VIH…
Lors du dernier conseil régional, le 7 avril, ce pass a été supprimé, a révélé le journal Marianne ce mercredi. La raison ? Un dispositif trop cher et peu sollicité.
4 centimes par élève
Le budget consacré à ce pass en Ile-de-France s’élève à 20 000 euros. « Pour 500 lycées publics, ça fait 40 euros par lycée, soit 4 centimes par lycéen », a calculé Valérie Pécresse, en dénonçant un faible recours parmi les jeunes pendant la « mandature socialiste ».
Ainsi, le carnet n’a été distribué qu’à 2000 personnes, au total, dans la région francilienne. « Ces 20 000 euros étaient inscrits au budget mais pas dépensés. Il y a un double langage : celui qu’on tient dans les hémicycles et dans les médias (…) et il y a la réalité des discours et des actions », a encore taclé la nouvelle présidente.
Pendant quelques heures, une rumeur a couru selon laquelle l’homologue de Valérie Pécresse en Auvergne-Rhône-Alpes, Laurent Wauquiez, allait lui aussi supprimer le pass de sa région. Rumeur rapidement démentie sur Twitter. En France, la moitié des régions sont dotées de cet outil.
Malgré les informations fantaisistes qui circulent il n'a jamais été question de supprimer le "Pass contraception" en @auvergnerhalpes .
— laurent wauquiez (@laurentwauquiez) April 13, 2016
Promouvoir la santé sexuelle
Et l’on peut s’en réjouir. Car au-delà du symbole et malgré une faible utilisation, le Pass contraception compte parmi les solutions qui réduisent les coûts liés à la contraception et promeuvent la santé sexuelle, comme le montre un rapport IGAS (Inspection Générale des Affaires Sociales) d’avril 2015 consacré à « l'accès gratuit et confidentiel à la contraception pour les mineures ».
Le rapport pointe de fait le manque d’efficience du dispositif, qui ne « permet pas aujourd’hui de toucher la totalité des mineures, et ce d’autant moins qu’il reste peu connu du grand public ».
Pour autant, loin de préconiser une suppression, le document souligne le manque d’information et de publicité autour du dispositif. C’est peut-être à ce niveau-là qu’il aurait fallu agir – mais la politique a parfois ses raisons que la raison ignore…