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Equipe Inserm

Zika : la transmission sexuelle avérée par des chercheurs français

Par Audrey Vaugrente

Le virus Zika se transmet par voie sexuelle. Une équipe française a démontré la corrélation entre deux souches chez des partenaires sexuels. La femme n’avait pas voyagé.

coniferconifer/Flickr

Après les suspicions, la preuve. Le moustique n’est pas le seul vecteur de transmission du virus Zika. Les rapports sexuels aussi sont impliqués dans l’épidémie. En effet, le sperme peut infecter un partenaire, explique une équipe de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm). Pour preuve : une même souche, comportant les mêmes caractéristiques génétiques, a été retrouvé chez deux personnes ayant des relations sexuelles. Ces conclusions sont publiées dans le prestigieux New England Journal of Medicine.

Un voyage au Brésil

Les deux patients qui font l’objet de cette publication ont tous deux développé les symptômes classiques d’une infection par le virus Zika. Mais seul l’homme, âgé de 46 ans, s’est rendu en zone endémique, au Brésil. Sa partenaire, une femme de 24 ans, n’avait pas voyagé hors de France depuis plusieurs semaines.  Et lors de son dernier séjour, elle s’était rendue au Japon.

Afin d’avérer une transmission sexuelle, les auteurs de cette lettre ont prélevé plusieurs liquides biologiques. « Pour l’instant, seuls des arguments épidémiologiques affirment qu’une transmission sexuelle dans le sens homme-femme est possible. On a essayé de le démontrer sur le plan virologique », explique à Pourquoidocteur Yazdan Yazdanpanah, infectiologue à l'hôpital Bichat (Paris) et co-auteur de cette étude.

Rapports oraux et vaginaux

Le virus, retrouvé dans la salive et le sang de la femme mais seulement dans le sperme de l’homme, a ensuite été mis en culture. L’analyse génétique de ces souches a révélé une corrélation de 100 % entre les deux formes, à l’exception de quatre mutations. Dans la mesure où les deux partenaires ont eu des rapports vaginaux non protégés – mais sans éjaculation – et oraux – avec éjaculation – la transmission sexuelle est avérée.

Ecoutez...
Yazdan Yazdanpanah, infectiologue à l’hôpital Bichat (Paris) : « Le fait qu’il n’y ait pas d’éjaculation ne veut pas dire que la transmission n’a pas eu lieu par voie vaginale. Il y a du liquide séminal qui passe avant l’éjaculation. »


Ce mode de transmission doit donc être pris en compte lors de l’élaboration des conseils de prévention, estiment les auteurs. La survie du virus dans le sperme doit toutefois être précisée, ce qui reste un défaut majeur dans la connaissance de Zika.

Ecoutez...
Yazdan Yazdanpanah : « Par précaution, on a déjà dit qu’une personne symptomatique doit avoir des rapports protégés. La seule chose qu’on ne sait pas, c’est pendant combien de temps. »

Première transmission entre hommes

La transmission d’un homme à une femme est avérée par une équipe française. Les Centres américains de contrôle et de prévention des maladies (CDC) ont de leur côté confirmé la première contamination entre hommes. L’un d’entre eux s’est rendu au Venezuela. C’est à son retour au Texas qu’il a infecté son partenaire, soulignent les spécialistes dans Morbidity and Mortality Weekly Report.

Yazdan Yazdanpanah ne se montre pas surpris. « A partir du moment où il y a une transmission possible entre hommes et femmes, il existe une possibilité de transmission entre hommes, surtout que les rapports anaux sont en général plus traumatiques », souligne-t-il. Les autorités américaines s’alertent d’un mode de contamination émergent dans le monde. Sur leur seul territoire, cinq autre cas ont été signalés, chez des couples hétérosexuels. Et ce alors que le virus n’est pas encore implanté dans le pays.