Les polluants organiques persistants (POP) pourraient altérer le fonctionnement du système immunitaire. Une étude publiée dans la revue scientifique Science Advances, réalisée par l'université de San Diego (Californie) s'est penchée sur les polluants industriels retrouvés dans les poissons, et les fruits de mer. Les chercheurs ont découvert que ces molécules peuvent bloquer une protéine spécifique, la P-gp, qui contribue à l'efficacité de notre système immunitaire.
La protéine P-gp est présente en grand quantité chez les animaux, certaines plantes, et chez l'homme. Elle contribue à expulser les toxines présentes dans les cellules, et est notamment connue pour sa capacité à empêcher les molécules thérapeutiques à entrer dans les cellules cancéreuses. Elle apporte à l'organisme des mécanismes de défense efficaces.
Les retardateurs de flammes pointés du doigt
Les chercheurs ont déterminé les effets des polluants organiques persistants sur ces protéines P-gp. Ils ont constaté qu'ils altéraient le système immunitaire humain. Ils interfèrent avec les protéines qui ne peuvent plus assurer leur mission. L'étude a notamment, pour la première fois, montré que les retardateurs de flamme (PBDE-100) utilisés pour les rembourrages en mousse et en plastique, se lient avec les protéines.
Le polluant se fixe à la protéine à l'instar d'une molécule chimio-thérapeutique ou d'un médicament. Mais, au lieu d'être transporté hors de la cellule, le POP inhibe la capacité de la protéine à remplir sa fonction de défense. "Il est très étonnant de voir comment les polluants persistants interfèrent avec les cellules censées protégées l'organisme des agressions extérieures", selon Jacob James, directeur de la fondation Waitt, qui a réalisé cette étude.
"Nous avons constaté que ces inhibiteurs de l'efficacité du système immunitaire sont présent dans les poissons que nous mangeons", explique Sascha Nicklisch, co-auteur de l'étude. Les chercheurs soulignent que les pesticides (DDT) et les retardateurs de flamme ont notamment été détectés dans les tissus musculaires des thons albacore sauvages. "Quand nous mangeons du poisson contaminé, nous pourrions réduire l'efficacité de notre système immunitaire ", commente Amro Hamdoun, co-auteur de l'étude.