Les Français auraient-ils renoué avec leurs vieilles habitudes concernant les antibiotiques. Alors que la consommation avait baissé de 16% en dix ans, la tendance est repartie à la hausse ces dernières années. C'est le constat que dresse l'Institut de veille sanitaire dans le dernier bulletin épidémiologique (BEH). Résultat, nous restons parmi les plus gros consommateurs d’antibiotiques en prescritpion de ville: 2 fois plus que les Anglais et 3 fois plus que les Suisses ou les Hollandais. Un constat d'autant plus inquétant que les antibiorésistances ne cessent de progresser.
Cette consommation est plus importante chez les femmes, notamment celles âgées de 15 à 35 ans ainsi que pour les plus de 74 ans. Pour Philippe Cavalié, référent économie des produits de santé à l’Agence de sécurité du médicament et des produits de santé (Ansm), ce particularisme serait notamment lié au mode de vie des femmes et au fait qu'elles assurent souvent la garde des enfants.
Ecoutez Philippe Cavalié, référent économie des produits de santé à l’Ansm: "La consommation augmente avec l'âge et les femmes vivent plus longtemps que les hommes".
Mais au de-là des différences hommes-femmes, les spécialistes ont mis en évidence de grandes disparités de consommation d'une région à l'autre. Des départements comme la Savoie ou la Haute-Savoie enregistrent des consommations proches de la moyenne européenne alors que d'autres dans le Nord de la France ont des consommations 50% plus élevées que la moyenne.
Ecoutez Philippe Cavalié : "C'est d'autant plus suprenant que l'accès aux soins est le même et que le régime de remboursement aussi."
Les trois-quarts des antibiotiques prescrits en France sont destinés à traiter des angines, des otites, des sinusites ou encore des bronchites. Ces affections courantes sont souvent virales et, dans ces cas, les antibiotiques sont inutiles. Pour Philippe Cavalié, c'est sur ce levier que l'on pourrait agir. D'ailleurs, le 3 ème plan antibiotiques (2011-2016) fixe pour la 1ère fois des objectifs chiffrés: une réduction de 25% de la consommation ce qui nous permettrait de nous rapprocher du niveau moyen de consommation européenne.