L'étude peut faire sourire, elle est pourtant très sérieuse. Une équipe de chercheurs canadiens a montré que le sirop d'érable freine le développement de la sclérose latérale amyotrophique (SLA), ou maladie de Charcot, dans un modèle animal. Les résultats de cette étude, initiée par deux lycéennes, sont publiés dans le Journal of Agricultural and Food Chemistery.
C’est dans le cadre d’un concours de biologie destiné à des lycéens que Catherine Aaron et Gabrielle Breaudy ont contacté Alex Parker, professeur à l'université de Montréal. Dans de précédents travaux le chercheur avait mis en évidence un effet protecteur du sucre contre la SLA. Les lycéennes ont choisi de poursuivre ces travaux en testant un sucre naturel, très populaire au Canada : le sirop d’érable. Le produit présente en plus l’avantage de contenir des polyphénols, molécules connues pour leurs propriétés antioxydantes.
Un modèle facile à étudier
C’est sur un modèle expérimental un peu singulier que les scientifiques ont mené leurs recherches : C.elegans. Il s’agit d’un nématode d'environ un millimètre couramment utilisé en biologie pour sa facilité d'utilisation. « Le choix du modèle d'étude n'est pas anodin, explique Gabrielle Breaudy à Pourquoidocteur. Ce petit vers est un excellent modèle pour notre expérience. Ses réseaux de neurones sont plus simples à observer que celui de la souris par exemple. Sa culture permet d'avoir un nombre important d'organismes à observer et d'avoir une puissance statistique importante ». Grâce à une modification génétique, les vers présentaient une paralysie similaire à celle provoquée par la SLA.
Deux polyphénols impliqués
Les scientifiques ont testé différentes doses de sirop d’érable avant d’arriver à des résultats concluants. « Notre premier problème concernait le protocole, nous n'avions aucune idée de la concentration de sirop mettre dans nos cultures », commente Gabrielle Breaudy. Les résultats montrent que les vers qui avaient consommé la plus forte dose de sirop d’érable présentaient moins de paralysies que ceux nourris avec un régime standard. Selon Gabrielle Breaudy, les expériences ont également montré que le sirop d’érable est plus efficace que le sucre ou les polyphénol utilisés seuls.
Les scientifiques ont également réussi à déterminer quels composés du sirop pouvaient expliquer ces résultats. En isolant les polyphénols présents dans le sirop d'érable, ils ont constaté que seules deux molécules avaient un effet neuro-protecteur, l'acide gallique et le catéchol. Les chercheurs tentent maintenant de comprendre comment agissent ces polyphénols sur les neurones.
Aucun traitement n’existe à l’heure actuelle pour la maladie de Charcot qui affecte 5000 à 7000 patients en France, avec une incidence annuelle de 2,5 cas pour 100000 habitants. « Une application directe à l'homme paraît compliquée », prévient cependant Alex Parker dans un communiqué de presse. En effet, faire consommer à des patients des quantités de sirop d’érable comparables à celles utilisées durant l’expérience, les exposerait à des risques certains de surpoids, voire de diabète.