Un traitement préventif contre le VIH est disponible en France depuis janvier. L’agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) a émis pour trois ans une recommandation temporaire d’utilisation (RTU) pour le Truvada en prévention. Des personnes à haut risque de contamination peuvent donc y avoir accès, mais l’information ne passe pas toujours correctement sur l’utilisation de ce médicament. Sida Info Service a publié le 4 avril dernier les principaux sujets d’appels anonymes sur sa ligne.
Entre le 1er janvier et le 29 février, la plate-forme de conseil a mené 122 entretiens concernant la PrEP (prophylaxie pré-exposition), c’est-à-dire la prise d’un traitement antirétroviral avant un rapport sexuel à risque. Les demandes de renseignements provenaient en majorité de personnes âgées de 30 à 39 ans ; 96 % étaient des hommes, dont 52 % avaient des rapports sexuels avec des hommes (HSH).
La posologie et le mode d’action mal compris
Les extraits que rapporte Sida Info Service (SIS) sont parfois inquiétants, notamment sur la manière dont les pilules de Truvada sont utilisées, et sur l'incompréhension de leur mode d’action. « Mon partenaire voulait avoir une pénétration sans capote, sous prétexte qu’il a un médicament qui rend impossible la transmission », témoigne notamment un homme de 34 ans. Une incompréhension dangereuse, car la prise de Truvada n’empêche pas la transmission, même s'il la réduit fortement.
La prise « sauvage » en PrEP est aussi déconseillée, mais existe. « J’ai chez moi des antirétroviraux, il m’en reste suite à un traitement d’urgence, explique un homme de 44 ans. Vous pourriez m’indiquer le nombre de prises avant et après le rapport ? ». « J’ai eu un rapport non protégé avec un homme indétectable, ajoute un homme de 23 ans. J’ai pris deux fois des antirétroviraux le soir avant, et je continue à en prendre. C’est la personne indétectable qui m’a fourni les médocs. »
Ces comportements rappellent que le Truvada en PrEP doit être pris sous prescription, après consultation auprès d’un médecin qui donnera tous les indications et le mode d’administration.
Ne pas abandonner le préservatif
Il ressort aussi de l’enquête de SIS que certaines personnes, notamment chez les HSH, sont intéressées par le traitement préventif en supplément d’autres mesures, pour se rassurer. « J’ai un partenaire séropo avec une charge indétectable, et j’aimerais être plus tranquille », confie un homme de 37 ans.
Une bonne nouvelle, car la multiplication des méthodes de prévention est recommandée les médecins. L’infection par le virus du VIH n’est plus aussi mortelle que par le passé, mais reste une maladie chronique qui n’est pas anodine.
L’utilisation de la PrEP en remplacement du préservatif inquiète aussi les spécialistes de l’infectiologie, qui redoutent une recrudescence des autres infections sexuellement transmissibles. « C’est vrai que je n’avais pas pensé aux risques multipliés des autres IST… », reconnaît un homme de 34 ans.