Le 18 avril a commencé dans toutes les exploitations de volailles, commerciales ou non de la zone de restriction (1) un vide sanitaire. Dans le contexte d'une lutte radicale menée par le gouvernement contre la grippe aviaire, il durera un mois, jusqu'au 16 mai 2016. Le ministère de l’Agriculture ajoute, par ailleurs, que tous les bâtiments ayant abrité des palmipèdes devront être désinfectés et maintenus vides pendant au moins 21 jours, cela dans 18 départements du Sud-Ouest, au total.
Puis la zone de restriction sera levée « à l’issue d'un programme de dépistage national débutant à partir du 2 mai 2016 […] s'il démontre l'absence de circulation virale », écrit le gouvernement. Ces mesures devraient permettre de relancer la filière dans des élevages assainis, estime-t-il. Mais cet épisode ne sera pas sans conséquences pour les éleveurs, c'est un coup dur porté à une filière déjà en difficulté.
Une perte financière colossale
Selon le Comité interprofessionnel des palmipèdes à foie gras (CIFOG), les pertes pourraient atteindre « 200 à 300 millions d'euros ». Dans le Figaro, Marie-Pierre Pé, secrétaire générale du Comité, a précisé ses craintes sur un éventuel manque à gagner : « le dépeuplement des élevages devrait conduire à une perte représentant 30 % de la production annuelle ».
Plus de 4 000 élevages sont en effet concernés par une interruption de leur production, soit 75 % de la production française d’oies et de canards. Pour soutenir les producteurs, le ministère de l’Agriculture promet des aides à hauteur de 130 millions d’euros.
Un forfait sera fixé pour indemniser chaque animal non produit, et le ministère s'engage à verser 50 % des estimations des producteurs avant la fin du mois de mai. « Un dispositif du même type sera mis en place pour les producteurs de volaille autres que les palmipèdes (oies et canards ndlr) également impactés par les mesures de dépeuplement », a annoncé le ministère de l’Agriculture dans un communiqué.
Les accouveurs également indemnisés
D’autres acteurs de la filière bénéficieront eux aussi de l’enveloppe du gouvernement. Les accouveurs toucheront ainsi 20 millions d’euros, et les entreprises périphériques (abattage, transformation, transports, aliments pour volailles…) pourraient être aidées à hauteur de 60 millions d’euros supplémentaires dans un deuxième temps, après confirmation des pertes en 2016.
Enfin, tous les éleveurs craignent une perte de confiance de la part des consommateurs. Le foie gras, traditionnellement consommé lors des fêtes de fin d'année, pourrait être moins présent sur les tables des Français. L'autre explication invoquée est une hausse du prix de ce met qui pourrait décourager les amateurs d'en acheter.
(1) Les départements inclus dans la zone de restriction sont les Pyrénées Atlantiques, les Hautes-Pyrénées, l'Ariège, la Haute-Garonne, le Gers, les Landes, la Gironde, le Lot et Garonne, le Tarn et Garonne, le Tarn, l'Aveyron, le Lot, la Dordogne, la Corrèze et la Haute-Vienne, et une partie du Cantal et de l’Aude.