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Chez la souris

Cerveau : un anti-hypertenseur serait efficace contre le gliome

Par Anne-Laure Lebrun

En recyclant des vieux médicaments, des chercheurs français ont découvert qu'un anti-hypertenseur permet de réduire la masse tumorale, et prolonge la survie de 50 %. 

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Le recyclage ne s’applique pas seulement à la maison. Dans les laboratoires de recherche, les scientifiques aussi s’y attellent pour développer de nouveaux médicaments à moindre coût. Cette approche permet notamment de découvrir des traitements efficaces pour des pathologies résistantes aux thérapies de référence.

C’est dans cet esprit qu’une équipe internationale dirigée par le laboratoire de Neurosciences Paris-Seine (1) a testé plus de 1 200 molécules pour combattre le glioblastome, le plus fréquent des cancers du cerveau chez l’enfant et l’adolescent. Peu de chimiothérapies ont une réelle efficacité contre cette maladie. En effet, ce cancer peut réapparaître à partir d’un petit nombre de cellules tumorales appelées les cellules initiatrices de gliome. Les chercheurs ont donc cherché un médicament capable de lutter contre leur propagation. Ils présentent leur découverte dans la revue EMBO Molecular Medicine.


Recycler un vieil anti-hypertenseur

En laboratoire, les scientifiques ont évalué l’efficacité et la nocivité de ces milliers de molécules sur des cellules souches neuronales humaines saines et des cellules initiatrices de gliome issues de tumeurs agressives. Parmi celles-ci, 12 ont présenté un effet toxique sur les cellules à l’origine du cancer sans affecter les cellules en bonne santé. La plus efficace était la prazosine. Utilisé chez la souris, cet anti-hypertenseur a permis de réduire nettement le volume des tumeurs, et prolongé de 50 % la survie des cobayes.

Cependant, les chercheurs n’ont pas tout de suite compris comment ce médicament pouvait agir sur le gliome. En effet, la prazosine est un inhibiteur des récepteurs alpha-adrénergiques. Or, les cellules cancéreuses du gliome en sont dépourvues. Grâce à cette découverte, l’équipe de recherche a pu identifié un nouveau mécanisme d’action empruntée par cet anti-hypertenseur et une nouvelle molécule sur-exprimée par les cellules cancéreuses, la PKCδ. En la piégeant, le médicament provoque la mort des cellules initiatrices du gliome.


Des essais cliniques en 2016

Les chercheurs ont par ailleurs mis en évidence que d’autres cellules cancéreuses surexpriment PKCδ, c'est notamment le cas dans les cancer colorectaux, du pancréas et du foie. La prazosine pourrait donc être utilisée dans le traitement d’autres cancers.

Mais pour l’heure, l’équipe se concentre sur le gliome et tentera de confirmer ces résultats grâce à des essais cliniques lancés dans l’année. S’ils sont concluants, l’anti-hypertenseur pourrait être rapidement intégré à l’arsenal thérapeutique actuel et améliorer la prise en charge des malades atteints d’un cancer du cerveau, souligne le CNRS.