La santé des hôpitaux français est fragile. Celle de leurs employés aussi, à en croire les données compilées par le site Hospi Diag, et analysées par Le Figaro. La moyenne des arrêts maladie cumulés avoisine les 24 jours par employé. Et selon le quotidien, 22 établissements hospitaliers dépasseraient les 30 jours par an et par personne. Un phénomène aux causes multiples.
La carte dressée par Le Figaro a de quoi laisser perplexe, tant les différences entres les hôpitaux (tous de plus de 300 employés) sont importantes. A la place du bon élève, Colmar. Le taux d’absentéisme y est le plus bas de France : 3,9 %, soit 14 jours d’arrêts maladie de courte ou longue durée par an et par personne (hors médecin). A l’autre bout du classement, Manosque, avec un taux d’absentéisme qui frise les 11 %, et près de 40 jours d’absence pour maladie par an et par agent ! Marseille est pour sa part, le « pire CHU » avec 8,2 % d’absentéisme ; « chaque jour, ce sont ainsi 1 100 personnes qui manquent à l’appel, sur un effectif de 12 000 agents », illustre Guillaume Guichard.
Y aurait-il un gradient nord-sud des arrêts de travail pour maladie ? Pas impossible, c’est en tout cas une explication mise en avant par les responsables d’établissement interviewés par le journaliste. « Vous êtes en Corse ici », ou « ici, c’est l’Alsace » a-t-il ainsi tour à tour entendu au cours de son enquête.
Mais la situation géographique des établissements ne suffit pas à expliquer ces différences. Pour preuve, es taux d’absentéisme relevés à Calais, Tourcoing ou encore Roubaix. Pour les syndicats, ce sont plutôt les conditions de travail qui expliquent que les agents s’arrêtent plus souvent dans certains établissements. Pourtant, ce ne sont pas ceux où les taux de remplissage de lits sont les plus élevés qui affichent les plus mauvais scores en matière d'absentéisme. Par contre, les données le confirment, la présence de services de prise en charge de personnes âgées augmentent le nombre de jours d’arrêts maladie, en cause les tâches qui y sont plus lourdes que dans les autres services.
Fait surprenant : les arrêts maladie semblent inversement proportionnels aux jours de RTT alloués aux employés. Les taux d’absentéisme les plus bas se retrouvent ainsi dans des établissement où les RTT sont les moins nombreuses, comme à Colmar, par exemple, où les agents ne bénéficient que de 6 jours de récupération du temps de travail par an. Un paradoxe qui s’expliquerait, selon Le Figaro, par le fait que plus on a de jours à poser, plus on a de risque de se les voir refuser, et donc d’user d’un arrêt maladie pour obtenir des congés aux dates souhaitées...
Pour Guillaume Guichard, nul doute que la suppression en 2013 du jour de carence institué en 2012 contribue largement au phénomène. Selon le journaliste, les établissements hospitaliers auraient pu, durant la courte application de la réforme, économiser 75 millions d’euros liés aux arrêts maladie de courte durée. La Drees était pour sa part parvenue à une conclusion différente en analysant l’impact de l’indemnisation du jour de carence des salariés. Elle concluait que les taux de recours aux arrêts maladie étaient quasiment équivalents pour les salariés couverts durant le délai de carence (29,2 %) que pour les salariés non couverts (28,7 %).