Leur maison est cernée de vergers, de champs, de vignes. Lors des campagnes de traitement, l’air de leur jardin se charge de pesticides qui imprègnent les draps étendus dehors, et retombent sur la table du déjeuner. D’ailleurs, cela fait bien longtemps qu’ils ne mangent plus à l’extérieur à la période des épandages. Le problème, c’est qu’ils sont constamment exposés, jusque dans leur chambre, et même en hiver.
"Fédérer les victimes"
Les victimes des pesticides témoignent, et leur voix a désormais un support unique. Générations Futures publie ce matin une carte française des personnes exposées aux produits phytosanitaires. Plusieurs centaines de récits, alertes et plaintes y sont réunis, récoltés par l’ONG et par des associations locales.
Le panel des victimes est large. Il comprend des agriculteurs exposés dans le cadre de leur profession, des riverains installés aux abords des cultures. Certains ont développé des pathologies caractéristiques et soupçonnent un lien avec les pesticides. D’autres ont effectué des mesures dans leur maison et découvert des niveaux alarmants de pollution. Après un long combat contre la maladie, quelques témoins ne sont plus de ce monde.
« Les témoignages se sont accumulés ces dernières années, avec un pic très net depuis un ou deux ans, explique François Veillerette, porte-parole de Générations Futures. Cette carte a vocation à fédérer les victimes et les acteurs locaux pour donner plus de poids à leur voix, alors qu’il est parfois difficile de dénoncer une situation lorsque l’on est isolé en zone agricole ».
Problématique nationale
L’union fait la force, et il faudra s’en armer pour faire bouger les lignes. D’où l’idée d’une coordination nationale, lancée officiellement ce matin par Générations Futures, rassemblant des associations locales de victimes, de professionnels agriculteurs et de médecins. « La problématique est bel et bien nationale et de nombreuses questions ne peuvent être soulevées que sous cet angle », relève François Veillerette.
De fait, cette coordination aura vocation à peser davantage dans les décisions politiques, en tentant d’imposer des mesures portées par les associations environnementales – comme l’agriculture sans pesticides aux abords des maisons et des lieux accueillant des publics vulnérables (écoles, EHPAD, hôpitaux…).
« Nous voulons également porter ces voix au niveau européen, où tout se joue sur les pesticides puisque c’est là que les règles se décident. Il s’agit de leur dire que les citoyens européens ne veulent plus se faire empoisonner ». La coordination permettra également d'aider les victimes dans leur démarches administratives ou judiciaires (reconnaissance d'une maladie professionnelle, respect de la règlementation en matière d'épandage etc).
>> Témoignage de riverains et professionnels diffusé par Générations Futures.