Ils sont 310 à Calais. Des enfants et adolescents, mineurs non accompagnés, laissés à eux-mêmes dans une « situation de très grande vulnérabilité ». Le Défenseur des droits en France émet une nouvelle alerte sur les réfugiés mineurs, arrivés seuls dans la région de Calais dans l’espoir de passer en Angleterre. Le constat qu’il dresse, assorti de recommandations, fait froid dans le dos.
"Insaisissabilité"
Un quart de ces enfants ont moins de quinze ans ; le plus jeune n’en a que sept. Ils vivent dans des conditions de vie « extrêmement misérables » et bénéficient d’une protection largement défaillante. En cause, notamment, une grande difficulté à les intégrer aux dispositifs de recensement, de suivi et de prise en charge.
Tous les acteurs locaux s’accordent ainsi sur la complexité qu’il y a à « les convaincre d’entrer dans le dispositif, en raison notamment de l’effet de groupe, de tiers adultes (bien intentionnés ou non) et de leur vigilance quant aux opportunités de passer au Royaume-Uni ».
Cette « insaisissabilité » des enfants génère une grande insécurité. Au début du mois de mars, l’association britannique Help Refugees alertait ainsi sur la sort de 129 enfants disparus dans la jungle calaisienne. Pour le Défenseur des droits, il faut mettre en place de manière urgente un suivi plus approprié de ces mineurs isolés.
« Le dispositif actuel de mise à l’abri ne tient pas compte de la spécificité des mineurs non-accompagnés du Calaisis, de leur parcours et de leur volonté tenace d’atteindre l’Angleterre. Il résulte de cette spécificité que les mineurs ne font la plupart du temps que passer sur le dispositif de mise à l’abri, sans qu’une stabilisation puisse être envisagée », explique Jacques Toubon.
Responsabilité de la France
Le Défenseur des droits recommande donc de modifier « les méthodes d’approche des mineurs non accompagnés au sein du bidonville » et d’organiser des maraudes spécifiques pour « parvenir à stabiliser les mineurs identifiés ». Il préconise également de « mener une véritable action éducative à leur profit », alors que le droit à l'éducation dans les écoles françaises est « encore loin d'être assuré ».
Par ailleurs, « toute nouvelle décision d’évacuation ou de démantèlement du bidonville » doit être « différée », pour « permettre d’assurer en amont la mise en œuvre effective du dispositif d’approche, d’accueil et de mise à l’abri des mineurs non accompagnés à Calais ». La protection de ces enfants constitue « un défi exceptionnel relevant de la responsabilité partagée de l’Etat et du département ».