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Attentats : le Samu se forme à la médecine de guerre

Par Philippe Berrebi

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« Un corps est allongé sur l’herbe. Inerte, maculé de sang, il s’en échappe une longue plainte de douleur. Si fort que, dans l’immeuble derrière, une petite dame âgée vient à sa fenêtre écarter le rideau, intriguée ».
Cette scène, que décrit Claudine Proust dans Le Parisien, n’est pas le témoignage d’une victime des attentats du 13 novembre, mais la restitution d’une simulation organisée cette semaine par les médecins militaires du Val-de-Grâce, à la demande de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP). Celle-ci a pour but de former pendant 5 jours 16 praticiens et infirmiers du Samu de Paris et du Val-de-Marne à la médecine de guerre.

Un kamikaze s’est fait sauter au milieu de la foule dans les jardins du Luxembourg. Bilan, trois blessés dans un état gravissime et 18 autres qui doivent être évacués dans des conditions difficiles.
L’exercice et le partage de savoir-faire prennent alors toute leur importance. Pas question d’apprendre aux blouses blanches de l’urgence les gestes médicaux. Ils sont formés à la médecine de catastrophe.
Mais, en revanche, les urgentistes peuvent s’approprier les protocoles « de chaîne de survie, adaptée aux blessés de guerre, pour les toutes premières minutes après un attentat, les plus importantes », explique à la journaliste le médecin-chef Sébastien Ramade (1).

Ce damage control est spécifique de la médecine de guerre. Il s’agit d’évacuer des dizaines de blessés en urgence vitale en même temps et touchés par des explosions et des armes de guerre. Les soutiens logistiques, comme les ambulances, font défaut ou sont souvent éloignés du théâtre d’opération.
Rien à voir donc avec le quotidien des Samu.  « Nos interventions habituelles, en équipes rodées à trois pour une victime, avec tout le matériel à bord d’ambulances de plus en plus évoluées, c’est confortable ! » , reconnaît le Dr Camille Pentier, médecin urgentiste à l’hôpital Henri-Mondor (Créteil). Sur un attentat, impossible, par exemple, de connaître les antécédents du patient, ses allergies. Pas question non plus d’intuber ou de perfuser, il faut stopper l’hémorragie. Garder les blessés en vie, les rassembler en un point central, le "nid", et attendre leur évacuation. « Là, avoue l’urgentiste, il faut se retenir pour gérer les vingt premières minutes ».
Une médecine de guerre en plein Paris.


(1) Responsable du centre d’enseignement et de simulation à la médecine opérationnelle (CESimMO).