Entre 1700 et 2000 médecins en colère ont manifesté hier sous les fenêtres du ministère de la Santé. Deux jours plus tôt, les internes avaient battu le pavé parisien pour dénoncer leur condition de travail, en particulier le non respect du repos de sécurité après une garde de 24 heures. Mais pour les chirurgiens, il s'agissait essentiellement de remettre en cause l'accord sur les dépassements d'honoraires signé en octobre dernier par les organisations syndicales représentatives.
Parmi les manifestants, c'est la ministre de la Santé qui était la cible des attaques. «Marisol démission!» ou «Marisol, t'es foutue, les médecins sont dans la rue », pouvait-on lire sur les pancartes. Un conseil que l'intéressée n'aura sans doute pas à suivre. Car l'opinon semble aujourd'hui lui donner raison. Et si le blouses blanches ont voulu jouer sur la coalition entre les internes du public et les spécialistes du privé, là aussi, ils se sont trompés. A revendications différentes, les Français se prononcent de manière discernée.
Ainsi, selon un sondage BVA réalisé pour les Echos, 35% seulement des personnes interrogées soutiennent la cause des médecins libéraux. Et 58% jugent que le texte sur les dépassements d'honoraires est un « bon accord ». A l'inverse, les internes bénéficient d'un fort élan de sympathie. 86% des Français jugent leurs revendications tout à fait ou plutôt justifiées.
En période de crise et avec une frange de plus en plus importante de la population qui éprouve des difficultés financières pour se soigner, la grève sur les dépassements d'honoraires passe mal.
Ecoutez Christian Saout, président du Collectif interassociatif sur la santé: « La grève sur les dépassements d'honoraires n'est pas entendable ».
En clair, la majorité des Français estiment que certains spécialistes descendent dans la rue pour défendre des intérêts catégoriels plutôt que leur santé. Ils sont d'ailleurs rejoints par une partie du corps médical, les généralistes en particulier, qui ne se reconnaît pas dans ce mouvement. Pour le Pr André Grimaldi, hospitalier à Paris, ce sont des valeurs qui sont en jeu.
Ecoutez le Pr André Grimaldi, hôpital Pitié-Salpétirère (Paris): « S'ils se battent pour le secteur 1, on sera ensemble ».
Alors, les médecins grévitses se sont-ils trompés de slogan ? Sans aucun doute. Personne ne peut contester que la valeur de certains actes n'a pas été revalorisée depuis des lustres ou que le temps passé sur des interventions ou les investissements consentis ne sont pas justement recoonus. Qui niera le droit de reconnaissance à une profession qui panse les plaies de la société ? Mais en étalant de la sorte l'argent sur la table, il auront au moins permis au gouvernement de trouver une porte de sortie et d'éviter les débats de fond sur l'avenir de la médecine et de la santé. Un joli cadeau au minsitre de tutelle !