Le virus Zika se porte bien et continue de progresser. Depuis janvier 2007, il a été repéré dans 66 pays et territoires du monde. Des cas de transmission d’homme à homme émergent. Mais le principal mode d’infection reste le moustique. Sur ce plan, le réchauffement climatique devrait aider le virus à rester très dynamique dans sa propagation. Selon une étude parue dans la revue eLife, 2,2 millions de personnes vivent dans des zones à risque.
Températures élevées et pluies
Ces travaux de modélisation se sont appuyés sur la répartition des moustiques vecteurs du virus Zika, de la famille Aedes, et sur les épidémies précédentes qu’ils ont véhiculées (dengue et chikungunya). Les chercheurs, de l’université d’Oxford (Royaume-Uni), notent au passage que le rythme des nouvelles contaminations s’est sensiblement accéléré en Amérique latine.
Deux principaux facteurs devraient favoriser la propagation continue de Zika sur la planète. Tous deux tiennent au climat. Les précipitations élevées et saisonnières dans les zones proches des tropiques sont propices aux eaux stagnantes. Ce sont les lieux privilégiés par les moustiques lorsqu’ils pondent. Leur prolifération devrait être facilité. L’autre facteur est le réchauffement climatique : avec des températures élevées, les insectes vont plus facilement survivre et voyager vers des zones jusqu’ici évitées à cause des hivers plus rudes.
Le sud des Etats-Unis exposé
De nouvelles zones à risque sont donc à attendre, selon les auteurs de l’étude. En Amérique latine, une bonne partie de la côte Atlantique est ainsi menacée. Le Brésil est au cœur de cette zone, tout comme la Colombie et le Venezuela. Mais la partie nord du continent ne devrait pas échapper à l’épidémie. La portion sud-est des Etats-Unis, courant du Texas à la Floride, présente toutes les caractéristiques propices à une transmission.
En Asie, le bilan n’est pas tellement plus positif : les zones à risque sont disséminées dans plusieurs pays vivant les moussons, dont l’Inde qui devrait constituer un gros réservoir.
Source : eLife
Arrivée en Europe cet été
L’Europe ne devrait pas non plus être épargnée. « La menace est de voir le virus Zika en Europe l’été prochain, a expliqué à l’AFP Anna-Bella Failloux, virologue de l’Institut Pasteur. Nous avons déjà vu ce scénario se réaliser en 2010 avec la dengue et le chikungunya. » A l’origine de ce constat : les voyages estivaux vers les départements et territoires d’outre-mer. Or, au dernier bilan, 23 590 cas ont été dénombrés dans les différents DOM-TOM français.
C’est justement à l’Institut Pasteur que s’organise un colloque scientifique international sur le virus, révèlent nos confrères du Journal du Dimanche. Plus de 600 experts et chercheurs se rassemblent afin d’évoquer les complications neurologiques et fœtales associés à Zika mais aussi le diagnostic et la recherche de vaccins.