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Missions spatiales habitées

Menstruations : comment font les astronautes ?

Par Jonathan Herchkovitch

Pour les missions spatiales prolongées, la gestion des règles peut poser quelques problèmes logistiques. Des chercheurs recommandent la contraception orale continue.

NASA/Bobo11

La question peut paraître futile voire un brin sexiste : comment gérer les menstruations des femmes astronautes ? Pour un court séjour en apesanteur, à priori, pas de problème. Mais lorsqu’il s’agit de préparer un voyage vers Mars, la question peut devenir épineuse. Deux chercheuses du King’s College de Londres et du centre de médecine spatiale de Houston (Etats-Unis) se sont posé la question dans un article de npj Microgravity.

Les menstruations ont fait l’objet d’un débat avant le retour des premières femmes astronautes. Certains médecins s’inquiétaient même d’un éventuel reflux sanguin dû au manque de gravité, qui aurait pu, selon eux, provoquer des infections, notamment des péritonites.

Margaret Rhea Seddon, une ancienne astronaute de 68 ans se rappelle de son premier vol en apesanteur. « On nous demandait "comment on fait avec ça ?". On leur répondait "Et si on considérait que ça n’est pas un problème, tant que ça n’en devient pas un" ? Je ne sais pas vraiment qui est la première femme à avoir eu ses règles dans l’espace, mais la conclusion était : "Règles dans l’espace, règles sur Terre, même combat. T’inquiète pas" ».

Un problème logistique

Pas de problème pour la santé mais pour un space trip de trois ans, cela représenterait par exemple plus d’une trentaine de boîtes de tampons ! Une charge et un volume de stockage ingérables pour une mission spatiale où chaque gramme et chaque centimètre cube économisés sont une bénédiction. Un échec logistique pour la mission, mais aussi pour l’individu : « La pratique de changement de tampon ou de serviette quand tout flotte autour [par absence de gravité] n’est pas vraiment facile », explique le Dr Varsha Jain, gynécologue spécialiste de l’espace au King’s College.

Pour ces vols longs, ou pour des longs séjours en apesanteur dans la station spatiale internationale (ISS), la suppression des règles est préférable, tranchent les chercheuses. Mais encore une fois, trois ans, c’est plus de 1 000 pilules contraceptives ! En termes de stockage, le problème subsiste et le léger risque d’apparitions de caillots sanguins inquiète les médecins.

Stérilet ou implant

Solution préférentielle : les contraceptifs d’action longue comme le stérilet ou les implants hormonaux. Ils sont sûrs – rien ne montre un mouvement du dispositif malgré la forte gravité imprimée au moment du décollage ou de l’atterrissage – mais relativement peu utilisés par les astronautes.

Les deux auteurs de cet édifiant article appellent à davantage de travaux dans ce domaine. Elles insistent sur l’importance de lever un doute majeur concernant les effets de la pilule sur la perte minérale osseuse dans l’espace. Car les astronautes souffrent déjà de ce phénomène en condition normale, y compris les hommes. Et certains choix de contraception, comme la progestérone seule, pourraient bien aggraver le problème. La question doit être élucidée.