Zika concentre l’attention des médias du monde entier mais reste encore, aux yeux des Français métropolitains, une maladie exotique. Limitée pour l’instant aux Caraïbes et à l’Amérique Centrale et du Sud, l’épidémie pourrait pourtant arriver en Europe dans les semaines à venir, à l’approche de l’été, a annoncé Marie-Paule Kieny, assistante du directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) lors du sommet international sur Zika, organisé à Paris par l’Institut Pasteur.
« Dans la mesure où les températures commencent à s’élever en Europe, deux espèces de moustiques Aedes, qui sont connues pour transmettre ce virus, vont commencer à circuler. Le moustique ne connaît pas de frontière », a-t-elle expliqué.
L’Euro 2016, facteur favorisant
L’inquiétude principale des Européens résidait jusqu’à maintenant dans le risque de transmission par voie sexuelle. Un risque dont l’exclusivité ne semble plus d’actualité. « La possibilité d’une transmission locale combinée à de probables transmissions par voie sexuelle pourrait se traduire par une augmentation importante du nombre de personnes infectées par Zika et de complications », a estimé Marie-Paule Kieny.
Mais « pour le moment, le virus reste un phénomène tropical et subtropical. On peut penser que l'Europe va être touchée, mais l’impact reste encore à démontrer ». Il semblerait ainsi que le moustique tigre du sud de la France, et probablement d’Europe continentale, soit moins capable d’assurer une transmission locale du virus Zika. Ce qui tendrait à appuyer l’hypothèse d’un scenario de transmission se limitant aux régions où Aedes aegypti est présent, soit l’île de Madère.
Les experts scientifiques présents au sommet estiment aussi que le risque pandémique « paraît faible ». Christian Bréchot, Directeur général de l'Institut Pasteur n’exclut cependant pas qu’« en France, l'infection puisse être favorisée par un événement comme la coupe d'Europe de football ».
Zika recule au Brésil
L’Afrique, en revanche, retient l’attention. Si l’épidémie ne semble pas s’être déplacée vers ce continent, l’OMS a mis en place un réseau de surveillance, afin de détecter au plus vite une éventuelle infection. « Le virus et donc l'épidémie pourraient se propager partout où le vecteur existe », a ajouté Mme Kieny.
De l’autre côté de l’Atlantique, le pic épidémique semble passé, d’après l’OMS. L’épidémie est « clairement sur la voie descendante au Brésil. C’est le cas aussi en Colombie et au Cap-Vert ». Ce recul des contaminations correspond avec la fin de l’été dans l’hémisphère sud.
Un colloque pour avancer
Le sommet international de Paris sur Zika réunit aujourd’hui et demain 600 experts et chercheurs, à l’Institut Pasteur. Outre les prévisions et les réponses en matière de détection, de gestion épidémiologique et de prise en charge, ces spécialistes vont aussi échanger sur les mécanismes de propagation du virus qui, malgré de nombreuses recherches menées depuis le début de l’épidémie, sont encore mal connus.
L’état d’urgence de portée internationale a été déclaré en février 2016 par l’OMS, neuf mois après le début de l’épidémie. Zika aurait déjà atteint plus de 1,5 million de personnes au Brésil, pays le plus touché, et 3 à 4 millions de cas sont attendus sur le continent américain. La maladie est silencieuse pour la plupart des personnes, mais les fœtus de femmes enceintes infectées par le virus peuvent développer une malformation sévère, la microcéphalie.