« Accablant ». Ce serait l’adjectif choisi par la Cour des comptes pour qualifier le rapport qu’elle a rédigé sur les soins bucco-dentaires, selon Le Figaro, qui s’est procuré le document. Entre les professionnels et l’Assurance maladie, le torchon brûle. Alors que 20 % des Français renonceraient à des soins dentaires, la Cour des comptes émet des propositions afin de répartir les charges entre Sécurité sociale et complémentaires.
Pour la Cour des comptes, le constat est sans appel. Les soins bucco-dentaires seraient en France un exemple de « faillite des politiques publiques face aux professionnels ». Les sages pointent ainsi un désengagement des pouvoirs publics et un manque de transparence du côté des professionnels de santé. Point relevé également par le rapport, le poids des dépassements d’honoraires : ils représenteraient aujourd’hui plus de la moitié des revenus des praticiens. La faute à des tarifs trop bas et qui n’ont pas été suffisamment revalorisés, rétorquent les syndicats de dentistes.
Le sujet sera d’ailleurs sur la table dès septembre, date à laquelle Assurance maladie, complémentaires et syndicats se retrouveront pour une négociation des tarifs. Les trois partis pourront alors discuter des propositions de la Cour de comptes, dont le rapport final devrait être publié d'ici la fin de l’été.
Et face à un tel constat d’échec, la Cour appelle à une réforme en profondeur du système. Et celle-ci pourrait bien passer par une nouvelle répartition des charges entre Assurance maladie et complémentaires, justement. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : le montant des soins bucco-dentaires est d’environ 10 milliards d’euros, dont un tiers est remboursé par l’Assurance maladie et 39 % par les complémentaires. Le reste à charge pour les patients dépasse les 2 milliards. Une option pour la Cour des comptes serait, explique Le Figaro, de laisser à la charge des complémentaires le remboursement des « soins lourds », dont les prothèses. L’Assurance maladie pourrait ainsi renforcer le remboursement des soins « de prévention et d’entretien ».
Autre proposition de la Cour des comptes : le développement des réseaux de soins. Le principe est simple : le patient se voit accorder un rabais sur le montant des prestations s’il consulte un praticien « agréé ». Le principe existe déjà, mais cristallise l’opposition des syndicats de praticiens. Pas sûr que les propositions des sages de la rue Cambon remportent un franc succès auprès des principaux concernés. Il en va pourtant de la santé bucco-dentaire des Français, que la Cour des comptes estime aujourd’hui « médiocre ».