La Ligue contre le cancer tape une seconde fois du poing sur la table. L’association veut faire baisser les prix des médicaments anticancéreux. Pour cela, elle double sa pétition, postée sur la plateforme Change.org, d’une campagne d’affichage qui épingle l’industrie pharmaceutique. L’attaque contre les fabricants est corrosive.
Des coûts très élevés
« Toujours dans le business ? » demande un personnage sur cette illustration de Chiara Arsego. « Oui… dans les nouveaux médicaments contre le cancer ! » réplique un autre homme. Tous les codes évoquent le confort. Les personnages sont tous deux assis dans un salon aux fauteuils blancs et luxueux devant des cocktails. L’un porte un chapeau, l’autre une mallette débordant de paperasse.
Cette campagne remet à jour la pétition adressée début avril par la Ligue à François Hollande. L'association y réclame une baisse du prix des médicaments innovants. Si le texte recueille assez de signatures, la demande sera portée devant le G7, organisé à Tokyo (Japon) les 26 et 27 mai prochains. A ce jour, 54 000 internautes ont apporté leur contribution.
Avec cette nouvelle campagne, la Ligue épingle nommément le Keytruda, une immunothérapie prochainement disponible en France. Il devrait coûter 100 000 par an et par patient. Un prix qui a poussé la Haute Autorité de Santé (HAS) à constater son « impact significatif » sur les comptes de la Sécurité sociale. « Le prix excessif des médicaments pourrait remettre en cause un traitement adapté, et donc, in fine, la chance de guérison des personnes malades », s’alarme la Ligue dans un communiqué.
La colère du Leem
Mais pour le Leem, syndicat représentant des industries du médicament, l'association « se trompe de combat ». Il dénonce un ton qui « instrumentalise les patients et leur entourage » par un maniement de la désinformation. « Aucun patient en France n’a jamais été privé de traitement pour des raisons économiques ! » se défend l’organisme avec véhémence, tout en invitant la Ligue à participer au débat « de manière constructive ».
Le Leem rappelle par ailleurs que les patients français ont bénéficié des innovations dans le domaine de l’immunothérapie, de la chimiothérapie et même du premier médicament contre la mucoviscidose, le tout « sans grever le budget médicament de l’Assurance maladie ». Car le médicament est un des principaux postes d’économies dans ce secteur, grâce à la maîtrise des volumes, avance le syndicat. Il défend son dossier en soulignant que « le prix de l’innovation » doit être réfléchi en lien avec « l’organisation de l’offre de soins » : les médicaments aux prix élevé permettront de générer des économies sur la productivité et les hospitalisations. Des arguments qui jusqu'ici n'ont pas pas réussi à convaincre la Ligue contre le cancer.