Pourquoi les femmes ont-elles des hanches plus généreuses que les hommes ? Il s’agirait d’une astuce de l’évolution. Elle permet aux mères en devenir de développer un pelvis plus propice à l’accouchement d’un bébé de taille généreuse. C’est ce qu’explique une étude parue dans la revue de l’Académie américaine des sciences, PNAS. Les hommes, qui n’ont pas besoin de telles capacités, conservent des hanches plus étroits qui sont mieux adaptés à la marche bipède.
Un pic à 25 ans
Jusqu’ici, le milieu scientifique pensait que le pelvis humain constituait un compromis entre la nécessité de marcher sur deux jambes et celle de mettre au monde pour les femmes. Des hanches plus larges gêneraient la marche, quitte à provoquer des accouchements plus douloureux. Mais cette hypothèse semble fausse, au vu des éléments avancés par l’équipe de l’université de Zurich (Suisse).
Les auteurs ont en effet suivi le développement de 275 pelvis féminins et masculins, de la naissance à un âge avancé. Jusqu’à la puberté, la croissance, et les dimensions sont similaires chez les deux sexes. Ce n’est qu’à partir de l’adolescence qu’un décrochage s’effectue pour les jeunes femmes. Alors que la courbe de progression des pelvis masculins reste constante, celle des bassins féminins connaît une grande progression. Le pic est atteint vers 25-30.
Fin des variations à 40 ans
Cette différence de la croissance pelvienne s’explique, selon les chercheurs, par des taux d’hormone différents. A la puberté et jusqu’à la ménopause, les œstrogènes sont fortement concentrés chez la femme. Cela permet d’assurer un développement du pelvis cohérent avec la fertilité. Une belle trouvaille du point de vue de l’évolution. « Cela signifie que le corps féminin peut moduler ses dimensions pelviennes ‘à la demande’ et qu’il ne dépend pas de programmes développementaux figés sur le plan génétique », souligne Marcia Ponce de León, qui signe ces travaux.
A partir de 40 ans, l’effet des hormones s’estompe et le pelvis commence à s’étrécir. Il rejoint alors des dimensions plus proches de celles des hommes. De fait, un bassin plus étroit est mieux adapté à la marche, car il stabilise le plancher pelvien, permettant ainsi d’assumer les pressions générées par la marche sur l’abdomen.Les chercheurs n’écartent pas non plus les effets de l’environnement et de la nutrition sur ces variations anatomiques.
Source : MorphoLab, Anthropological Institute and Museum, University of Zurich